Madame la ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des femmes, dans le cadre du projet de loi Santé qui est discuté en ce moment, nous allons évoquer la question du droit à l’oubli, qui touche des millions de Français.
Le droit à l’oubli, c’est donner à toute personne qui a été atteinte d’un cancer et qui en est guérie la possibilité de tourner définitivement la page de sa maladie. C’est la possibilité de construire, de se reconstruire, d’emprunter, de se projeter et de vivre, tout simplement, comme tout le monde.
Le Président de la République s’était engagé l’année dernière, à l’occasion du lancement du troisième Plan cancer, à « instituer un véritable droit à l’oubli [qui] s’appliquera à tous ceux qui, enfant ou adolescent, ont vaincu le cancer, ainsi qu’à tous les autres malades dont les données de la science nous disent qu’ils sont guéris ».
Or, à ce stade de l’examen de votre projet de loi, le droit à l’oubli n’est qu’un demi-droit, car il ne s’appliquera qu’aux pathologies cancéreuses survenues avant l’âge de 15 ans. Comme bon nombre de Français, je crois que c’est insuffisant et qu’il faut aller plus loin.
Le cancer touche chaque année 350 000 personnes dont 100 000 pour des pathologies à très bon pronostic. Or, même reconnu guéri par les médecins, chaque ancien malade est, pour les assurances, marqué durant toute sa vie au fer rouge du cancer. Quinze ans après la fin de ses traitements, les assurances continuent à lui imposer des surprimes qui dépassent parfois 100 %, associées à des exclusions de garantie. Il est temps d’inscrire dans la loi un droit à l’oubli au bout de cinq ans pour tous les malades reconnus guéris.
Aujourd’hui, je vous propose de donner au Président de la République l’occasion de tenir sa promesse. Ce droit à l’oubli concerne près de 10 millions de personnes. Elles ont dû se battre contre la maladie et doivent encore se battre une fois guéries.
Madame la ministre, que comptez-vous faire pour mettre enfin un terme à cette double peine ?