Je sais que vous avez déjà très largement débattu de ce sujet cet après-midi, mais je suis atterrée par le manque de retours d’expériences. Avec l’ouverture des salles de shoot, vous nous imposez – c’est le fait majoritaire, et vous refusez chacun de nos amendements – de changer nos villes et nos quartiers sans jamais nous donner des informations concrètes sur les expériences étrangères en la matière et sur la capacité des toxicomanes à sortir de l’enfer de la drogue grâce à ce dispositif. Nous savons seulement que celui-ci coûtera extrêmement cher, 1 million d’euros, et qu’il n’y aura aucun suivi. Cet argent pourrait être utilisé à sortir les toxicomanes de l’enfer de la drogue, mais vous préférez ouvrir des salles de shoot, dans une logique dogmatique, alors que les États qui l’ont fait en ont souffert.
Je voudrais connaître les retours d’expérience concrets de ces salles de shoot : combien de personnes sont sorties de la drogue ? Comment cela s’est-il passé ? Pourquoi certaines doivent-elles fermer ? Sans doute parce que non seulement elles ne correspondent pas à ce qu’il faut aux personnes droguées, mais qu’elles déstabilisent également tout un quartier. Pour l’instant, je n’ai pas entendu de réponse satisfaisante à cette question. Quand nos concitoyens verront fleurir ces salles de shoot au pied de leurs immeubles, dans leurs quartiers, ils seront déstabilisés et furieux de la mauvaise manière que vous leur ferez, sans considération de leur investissement pour la ville et la tranquillité publique.
Plusieurs d’entre nous sont maires : comment répondrons-nous à la détresse des personnes dont nous avons la charge dans nos villes ? Avec l’ouverture de ces salles de shoot sans moyens pour l’aménagement du territoire et pour les personnes toxicomanes, nous subissons une double peine, la double peine du dogmatisme.