Madame la ministre, cet article concerne la pollution de l’air. Il suscite chez moi des interrogations à deux titres – et je vois déjà sourire mes excellents collègues verts qui, eux au moins, ont une ligne de conduite politique.
Première interrogation : vous avez pris dernièrement des mesures sur la circulation automobile alors qu’en fait, celle-ci n’est responsable que pour une part mineure de la pollution de l’air. J’ajoute que ce sont souvent les petites voitures diesel vieillissantes qui polluent le plus et non les voitures plus récentes souvent de forte cylindrée que vous surtaxez, pourvues de pot catalytique et d’une multitude de systèmes qui permettent de beaucoup moins polluer, tels que le BlueTec chez une certaine marque allemande. Je m’interroge sur les conséquences de cet article sur notre industrie automobile et sur notre niveau de développement économique.
Ma seconde interrogation se situe au niveau épidémiologique. La recrudescence de l’asthme n’est pas due à la pollution mais au mode de vie des citadins, de moins en moins exposés à l’air du dehors – parfois quarante-cinq minutes au maximum dans la journée – et de plus en plus exposés, notamment les enfants, à des allergènes, à commencer par les animaux domestiques. Auparavant, en zone rurale, ceux-ci allaient à l’extérieur. Aujourd’hui, de nombreux enfants vivent avec un chien ou un chat dans un milieu clos. Ces deux facteurs sont majoritairement responsables de la recrudescence de l’asthme. Je ne veux pas négliger la question des particules fines et de la pollution, mais il faut s’attaquer plutôt aux vraies causes.
En termes d’information du public, je vous conseille, madame la ministre, d’écouter une excellente émission sur France Culture, du moins lorsque la grève sera terminée, à propos du débat public. Elle montrait qu’il est extrêmement difficile d’informer : malgré trois jours de formation scientifique, un panel représentatif de citoyens, auxquels on avait bien dit que des normes étaient absurdes et ne reposaient sur rien, a voté pour ces normes, à la proportion de neuf sur dix. Alors qu’elles ne se fondaient sur rien scientifiquement !
Je comprends la motivation de cet article, mais je m’inquiète de ses dérives possibles quant à la circulation automobile et quant à l’épidémiologie, avec des raccourcis extrêmement faciles. Vous devriez vous attaquer aux vraies causes, en particulier le chauffage.