En effet, rien n'est trop beau en France pour le cinéma !
Cette 68e édition du Festival de Cannes sera pour moi la première en qualité de président, rôle qui reste à écrire : je ne suis pas haut fonctionnaire comme l'étaient un certain nombre de mes devanciers, en particulier Pierre Viot, et je n'ai pas non plus exercé les fonctions de délégué général pendant vingt-cinq ans, comme l'avait fait mon prédécesseur Gilles Jacob. Et l'on se souvient du brio de l'un et de l'autre ! C'est donc une nouvelle page qui s'ouvre.
J'essaie notamment de trouver le bon équilibre : d'un côté, en tant que président d'une association, il me revient d'exercer une responsabilité morale, sans m'occuper directement des aspects opérationnels, qu'ils relèvent de la partie artistique ou de l'organisation ; de l'autre, la présidence a un rôle à jouer, compte tenu du poids que lui ont donné mes prédécesseurs, et du fait que ce festival est le premier au monde et qu'il englobe à la fois une manifestation purement artistique et un marché du film qui est également l'un des plus importants, sinon le plus important à l'échelle internationale. La relation que Thierry Frémaux et moi entretenons aide beaucoup à trouver cet équilibre.
Bien évidemment, Thierry Frémaux ne dira rien de la sélection, que nous dévoilerons ensemble le 16 avril prochain. Nous nous orientons vers une édition que je pense assez diverse et brillante. En outre, nous essayons de créer dans l'ensemble de la ville de Cannes, tant pour les professionnels du cinéma que pour les Cannois, une atmosphère cinématographique, artistique, impliquée, joyeuse et participative. Nous avons fait au maire de Cannes un certain nombre de propositions, sur lesquelles nous travaillons en ce moment, pour que le festival soit aussi la fête du cinéma.
En ce qui concerne le retentissement du festival à l'échelle nationale, nous venons d'achever des discussions assez serrées avec la chaîne Canal Plus, qui reste le partenaire du festival, mais à qui nous avons demandé un certain nombre d'efforts non seulement financiers – c'est bon pour le budget du festival, donc pour les comptes publics –, mais aussi en termes de qualité de la production : nous avons notamment obtenu que les cérémonies non seulement d'ouverture mais également de clôture soient diffusées en clair, afin que tous les Français puissent en profiter.
La cérémonie de clôture durera environ une heure et quart, entre dix-neuf heures et vingt heures quinze. Elle sera l'occasion, bien sûr, de remettre le palmarès et de célébrer les lauréats – tel est son objet –, mais aussi, d'une manière plus générale, de revenir, à travers trois ou quatre reportages, sur l'ensemble du festival, à la fois sur la création qu'il aura mise à l'honneur et sur son aspect « glamour ». Thierry Frémaux et moi surveillons de près ces montages, dont nous nous sentons particulièrement responsables, peut-être plus encore que Canal Plus. Ils permettront aux Français qui aiment le cinéma de se faire une idée des films dont ils entendent parler, mais qui ne sortiront, pour certains, que quelques semaines ou quelques mois plus tard – quelques-uns n'ont même pas encore de distributeur. La cérémonie de clôture comprendra aussi un ou deux numéros originaux qui lui donneront, je l'espère, un certain lustre et une certaine vivacité.
Nous veillons à maintenir un dialogue toujours aussi nourri avec les Américains. C'est fondamental pour l'économie du festival et pour l'économie cannoise en général. Dans le même temps, nous avons engagé des discussions avec les autres grandes nations qui, demain ou après-demain, occuperont une place déterminante dans le cinéma mondial et joueront donc un rôle essentiel pour le devenir du Festival de Cannes. À cet égard, nous avons intensifié cette année le dialogue que Gilles Jacob et Thierry Frémaux avaient entamé avec les pays asiatiques, la Chine au premier chef. Il est toujours compliqué de discuter avec les Chinois. Nous sommes en relation avec le groupe Wanda, qui est propriétaire de nombreuses salles en Chine, mais aussi du deuxième réseau américain, AMC Theaters. On lui a prêté l'intention d'acheter des salles sur le continent européen, notamment au Royaume-Uni et en France, mais rien ne s'est fait pour l'instant. Surtout, il souhaite créer un nouveau festival de cinéma en Chine, après ceux de Pékin et de Shanghai, et a pris contact à ce sujet avec nous et avec l'Académie des Oscars.
Ce sera pour moi, je l'ai dit, une première année. Je compte apprendre d'autant plus à cette occasion et travailler intensément dans les mois qui suivront, avec Thierry Frémaux. Il s'agit de maintenir notre place de numéro un, ce qui n'est pas une tâche facile. Cela implique de ne pas trop bousculer l'existant, mais aussi d'être très actif.