Intervention de Jacques Cresta

Réunion du 1er avril 2015 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJacques Cresta :

Je pense me faire le porte-parole d'un grand nombre de mes collègues, en particulier du groupe Socialiste, républicain et citoyen, en vous disant que c'est un véritable plaisir de vous accueillir dans notre Commission, messieurs, quelques semaines avant le début de la 68e édition du Festival de Cannes. Il s'agira de la première édition depuis que vous êtes devenu, cher Pierre Lescure, le président du conseil d'administration de l'un des événements culturels les plus importants de notre pays, voire du monde.

Permettez-moi de rappeler, en quelques mots, l'histoire de ce festival que vous représentez tous les deux aujourd'hui. Elle est liée non seulement à l'histoire du cinéma mondial, depuis des décennies, mais aussi – je ne peux résister au plaisir de le rappeler – à l'histoire politique de notre pays : ce grand festival de cinéma a d'abord été voulu par le Front Populaire et son ministre de l'éducation nationale et des beaux-arts, Jean Zay. On ne mesure pas toujours toutes les implications de l'héritage du Front populaire !

En débutant ainsi, l'histoire de ce festival ne pouvait être que singulière et féconde. Félicitons-nous que ce projet d'un grand festival indépendant ait dépassé les espérances de ceux qui l'avaient imaginé. Année après année, le Festival de Cannes accompagne et dévoile le cinéma du monde, dans sa diversité, sa complexité, sa capacité à captiver et à émerveiller les spectateurs.

Le festival enregistre d'abord un succès en termes d'image, tant son importance est mondialement reconnue, tant sa renommée ne s'est jamais démentie depuis les années 1960. Mais ce succès se mesure aussi en chiffres : des milliers de films découverts, plus de 30 000 accréditations en 2014, un marché du film florissant. Lors de la dernière édition, 116 pays étaient représentés, et la très grande majorité des films en compétition ont été projetés en avant-première ! Ainsi que vous l'avez rappelé, le Festival de Cannes est aussi une réussite économique.

Je n'ose parler de son bilan artistique, d'abord parce qu'il est immense, ensuite parce que cette édition voit Gilles Jacob prendre du recul. Délégué général dès 1978, puis président à partir de 2001, il a marqué le festival de son empreinte. Je pense que vous ne me contredirez pas, monsieur Frémaux.

Mais l'heure n'est pas aux bilans : c'est l'avenir qui nous préoccupe. Le tandem que vous formez, messieurs, a pour tâche de conforter et de poursuivre la mission de rayonnement culturel qui est celle du Festival de Cannes. Je ne vous demanderai pas d'indice concernant la prochaine sélection, car j'ai bien compris que nous n'en obtiendrions pas !

Plus sérieusement, de quelle manière ce festival prendra-t-il en compte, dans son fonctionnement, dans sa communication et dans son action, les mutations profondes que le cinéma subit ou accompagne à l'ère du numérique ? Je sais que ces questions vous sont familières, monsieur Lescure. Compte tenu de la position unique qu'occupe le festival dans le cinéma français et mondial, ne peut-il pas ouvrir des pistes, montrer la voie d'une évolution harmonieuse du cinéma face à ces nouveaux outils et à ces nouveaux usages ? Peut-être, de votre point de vue, le fait-il d'ailleurs déjà.

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