Intervention de Gilda Hobert

Réunion du 1er avril 2015 à 9h00
Commission des affaires culturelles et de l'éducation

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaGilda Hobert :

Je vous remercie, messieurs, d'avoir répondu favorablement à l'invitation de notre commission. Merci également pour vos propos liminaires. Permettez-moi d'ores et déjà de vous décerner une Palme d'or ! Nous n'avons pas tous les jours l'occasion d'échanger avec les dirigeants du Festival de Cannes et de discuter ainsi de septième art, à défaut de monter les marches ! De la 68e édition du festival, nous ne connaissons que les dates – du 13 au 24 mai –, sa programmation n'ayant pas encore été dévoilée.

À l'instar de plusieurs collègues, il m'est agréable de rappeler que c'est Jean Zay, ministre du Front populaire, qui est à l'origine de la fondation du festival. Celui-ci a acquis notoriété et reconnaissance au fil d'éditions qui ont vu défiler un grand nombre d'artistes, d'acteurs et de réalisateurs, de nationalités et de cultures très diverses. Il contribue au développement économique non seulement du cinéma, mais aussi de la région qui l'accueille. Vous avez d'ailleurs rappelé que Cannes était pleinement incluse dans la dimension festive de l'événement.

La réputation du Festival de Cannes fait venir de grands noms et profite à la diffusion du cinéma contemporain. Le festival participe également du rayonnement de la France par la qualité de sa programmation « art et essai ». De plus, il attire des jeunes intéressés par les professions du cinéma qui espèrent, eux aussi, réaliser, monter, jouer ou briller. Cependant, la famille du cinéma reste relativement fermée, et il est parfois difficile à ces jeunes de se lancer. La France dispose d'un certain nombre d'écoles de cinéma, mais encore faut-il pouvoir y accéder. Une fois cette première étape franchie, ils doivent allier talent, travail et opiniâtreté, ce qui est nécessaire, me direz-vous, dans tous les domaines. Mais comment se faire connaître et reconnaître ? Comment approcher ceux qui jouent dans la cour des grands ?

Monsieur Frémaux, vous avez déclaré à propos de Cinéfondation, l'une des actions du festival, qu'elle « présente des films de 217 écoles de cinéma dans le cadre de la sélection officielle » et qu'elle est un « observatoire sur les tendances du cinéma de demain ». Nous ne pouvons que nous en féliciter. Cinéfondation récompense en effet les meilleurs courts et longs métrages d'étudiants d'écoles du cinéma du monde entier.

Cependant, l'association du festival que vous présidez, monsieur Lescure, ne pourrait-elle pas, en plus, investir dans l'apprentissage des jeunes générations qui feront le cinéma de demain ? Serait-il farfelu d'engager, durant le festival, des échanges accrus entre des professionnels et des étudiants de cinéma ? Je pense en particulier à des systèmes de parrainage : à Zurich, par exemple, des jeunes sélectionnés passent la semaine du festival à rencontrer et à suivre des professionnels, auprès desquels ils apprennent beaucoup.

En tant que Lyonnaise, j'aimerais également vous poser quelques questions, monsieur Frémaux, à propos du Festival Lumière, qui se tient chaque année à Lyon et qui propose au grand public de découvrir ou de redécouvrir notre patrimoine cinématographique. Ce « festival historique », pour reprendre vos propos, est une belle réussite et attire toujours plus d'artistes et d'amateurs de cinéma. Les événements organisés à cette occasion – projections éclectiques, échanges avec des réalisateurs ou avec des acteurs, entre autres – ramènent la ville de Lyon à son histoire.

En attendant que vous nous dévoiliez ce que vous nous avez concocté pour la prochaine édition, j'aurais aimé savoir si les organisateurs pourraient réfléchir à un élargissement de la programmation afin de s'adresser à de nouveaux publics, notamment aux enfants – dans le cadre de l'accueil de loisirs associé à l'école (ALAE), c'est-à-dire pendant les temps périscolaires – et aux jeunes des quartiers prioritaires. Ne pensez-vous pas que ce serait une forme d'ouverture culturelle, une démocratisation de notre héritage cinématographique ?

Je terminerai, non pas par une question, mais par un encouragement à poursuivre la partie de la programmation du Festival Lumière qui mêle sport, cinéma, littérature et photographie. Cette initiative contribue au décloisonnement de la culture, démarche à laquelle j'adhère entièrement.

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