Je vous remercie de votre présence, messieurs. Quand on évoque le Festival de Cannes, il est inutile de préciser qu'il s'agit de cinéma : tout le monde sait de quoi on parle, dans le monde entier. Le monde du cinéma fait d'ailleurs tout pour être accueilli à Cannes. Au-delà des films, ce festival représente la création, l'exigence culturelle, la volonté d'offrir la culture à tous et partout – c'est une élue du monde rural, qui maintient son petit cinéma municipal, qui vous le dit ! –, la liberté d'expression et, à travers tout cela, les valeurs de la France. On ne le dit pas toujours, mais on le sent implicitement.
Néanmoins, je vous fais part de mon inquiétude : tout cela pourrait-il continuer à exister sans l'exception culturelle, qui soustrait ce domaine aux règles habituelles du marché ? Avec l'évolution des supports, notamment avec le développement – indispensable – du numérique, les produits culturels ne risquent-ils pas de devenir des produits comme les autres, avant tout commerciaux ? Comment se protéger contre une telle évolution ? Comment lutter contre les coups du boutoir de sociétés telles que Netflix ou Amazon, qui vont tout faire non pas pour supprimer immédiatement l'exception culturelle – elles n'y parviendraient pas –, mais pour la grignoter peu à peu, jusqu'à ce qu'il n'en reste plus qu'un souvenir ?
Il y a deux ans, des tribunes décapantes publiées dans Le Monde ont dénoncé le montant des cachets de certains acteurs qui jouent dans des films subventionnés. Cette question est-elle toujours d'actualité en 2015 ?
Existe-t-il des critères d'attribution – par exemple, la création, le jeune cinéma, la nouveauté – pour les subventions en matière cinématographique ? Il faut faire en sorte qu'il y ait toujours des nouveautés présentées au Festival de Cannes.
Je vous souhaite bon vent, messieurs, pour cette 68e édition. Le festival contribue au rayonnement de la France et, partant, à son redressement.