Intervention de Benoît Drouin

Réunion du 8 avril 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Benoît Drouin, président du réseau agriculture durable, RAD :

Le réseau agriculture durable, qui regroupe aujourd'hui à peu près 10 000 fermes, est né, il y a une quarantaine d'années, de groupes d'agriculteurs qui réfléchissaient ensemble à la façon d'utiliser moins d'intrants. À l'époque, le sujet n'était pas d'actualité.

Le premier axe de travail de ces groupes, dans le Grand Ouest, était que les vaches mangent de l'herbe. Puis, au milieu des années 2000, des groupes de régions de polyculture-élevage où la tendance céréalière augmentait ont soulevé la problématique de l'utilisation des produits phytosanitaires. C'est pourquoi cette question a été la première abordée dans le cadre du Grenelle de l'environnement, pourquoi aussi nous nous sommes engagés dans le premier plan Ecophyto.

À propos de ce plan, je tiens à rectifier la confusion qui entoure l'augmentation de la consommation globale des pesticides en France. Dans le réseau DEPHY, la consommation des 2 000 fermes engagées depuis les débuts jusqu'à l'année dernière a diminué de 10 %. C'est bien que lorsqu'on s'attelle à un problème, il est possible d'agir.

Notre réseau, avec d'autres, milite pour le retour à des pratiques agronomiques. Depuis le début de cette table ronde, nous entendons des choses assez pessimistes. Pourtant, quand je suis dans ma ferme, je suis très positif : il y a certes beaucoup à faire, mais les solutions existent. Le tort des agriculteurs et de leurs représentants est d'attendre des solutions d'un pseudo-messie qui apporterait des nouveautés non toxiques en bidons. De notre côté, nous avons remarqué que, très souvent, les solutions existent autour de nous mais qu'elles ne sont pas partagées.

Une deuxième caractéristique de nos réseaux est le travail en groupe, une forme de thérapie qui aide bien souvent à trouver la solution à ses problèmes chez le voisin.

La réduction de 50 % des pesticides peut faire peur, mais ils sont déjà nombreux, dans le réseau DEPHY, à l'avoir fait. Ce n'est pas très compliqué avec la diversification des assolements ou l'allongement des rotations. Il ne suffit pas de promettre de nouvelles graines aux agriculteurs, il faut des débouchés. C'est la base du commerce. Par conséquent, il faut que tout le monde s'y mette : les coopératives, les négociants, les fabricants d'aliments pour bétail doivent utiliser, apprendre pour certains, à utiliser ces nouvelles plantes.

Pour ma part, je reste plein d'espoir, car des solutions existent. Jérôme Audurier peut témoigner que tout est possible.

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