Intervention de Benoît Drouin

Réunion du 8 avril 2015 à 9h30
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Benoît Drouin, président du réseau agriculture durable, RAD :

Les freins au changement sont multiples. Comme l'a dit M. Evain, les agriculteurs ne comparent pas les marges qu'ils font à l'hectare mais plutôt les rendements.

Parmi les gens qui changent leur mode de production, on en trouve qui ont une culture scientifique, qu'elle soit agricole ou non, et qui abordent la gestion de leur ferme d'une façon différente. D'autres ont rencontré des problèmes de santé. D'autres encore ont été confrontés à des difficultés économiques, s'engageant, au gré des restructurations du monde agricole, dans des systèmes dont ils ont perdu la maîtrise et qui n'ont plus eu comme alternative que d'arrêter ou de changer.

Le revenu agricole, ce n'est pas seulement un produit ; c'est un produit moins des charges. On cherche toujours à maximiser le produit, ce que fait l'agriculture biologique en vendant plus cher une quantité moindre, mais on ne travaille pas sur les charges. Lorsque j'ai repris la ferme de mes parents, j'ai eu du mal à dissocier le conseil de la vente. La première année, un conseiller est passé me voir et m'a dit de faire tant de blé, tant de maïs et d'appliquer tel traitement à telle époque. Ce fut, pour moi, le choc qui a déclenché la construction d'un système beaucoup plus économe et autonome. Aujourd'hui, la notion de conseil est très vaste ; je préfère parler d'accompagnement. Ce qui manque aux agriculteurs que j'ai rencontrés, c'est une autonomie dans la décision. Dans beaucoup de fermes aujourd'hui, on ne sait pas qui décide. Il faut rendre cette faculté aux agriculteurs.

Le problème des pesticides doit s'affranchir des querelles des décideurs. On n'en réduira l'usage que si l'on redéfinit notre modèle alimentaire. À quoi bon parler d'un modèle de production agricole si l'on ne définit pas ce que l'on veut manger ? C'est mettre la charrue avant les boeufs ! Le ministère de l'agriculture est aussi celui de l'alimentation : là est la clé.

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