Intervention de Bernard Lesterlin

Réunion du 2 avril 2015 à 9h00
Mission de réflexion sur l'engagement citoyen et l'appartenance républicaine

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBernard Lesterlin :

Je me réjouis, monsieur Régnier, de votre nomination ainsi que de la prise en main à l'échelon interministériel de l'enjeu qui nous est fort opportunément imposé par le Président de la République. Ce dernier, à l'occasion du vingtième anniversaire de l'association Unis-Cité, a relevé que, pour atteindre le nombre de 150 000 missions par an d'ici 2016, il faudra mobiliser toutes les administrations, toutes les associations, toutes les collectivités locales et toutes les fondations afin d'offrir toutes les missions que l'on peut concevoir. Il a enfin remercié pour le travail accompli les jeunes de l'association, en saluant le document répertoriant toutes les missions existantes que ceux-ci avaient fabriqué dans la journée. Hier, j'ai rencontré les référents du service civique réunis par M. François Chérèque et Mme Hélène Paoletti. Il ne s'agit pas d'une commande administrative visant à augmenter les effectifs d'un dispositif mais d'une révolution, y compris des mentalités.

La demande est là, la question est celle de l'offre de missions d'intérêt général et si l'on veut atteindre l'objectif fixé pour 2016, il faut démarrer maintenant et sur tous les fronts. Je suis persuadé que c'est possible, sous réserve de se donner les moyens organisationnels. Il faut que l'ensemble des organismes d'accueil s'approprient le dispositif sous le pilotage de l'État au plus près du terrain. Il ne s'agit pas décentraliser le service civique mais de s'appuyer sur les préfets, qui assureront un pilotage de proximité et seront secondés par une kyrielle de stagiaires de l'École nationale d'administration (ENA). Cela va décupler l'efficacité des référents actuels et des services extérieurs du ministère de la jeunesse. Cependant, ne faut-il pas structurer dès aujourd'hui ce système de gouvernance de proximité, sans, bien entendu, que celui-ci renonce pour autant aux prérogatives de l'État ? Il faut faire de la maïeutique, révéler à des jeunes qui ne sont pas a priori motivés le champ des missions qu'ils sont susceptibles de remplir. Lorsque, il y a cinq ans de cela, Martin Hirsch et moi-même avons créé le service civique, nous pensions que les associations et les collectivités en prendraient paritairement la responsabilité. Force est de constater que les élus locaux ne se sont pas mobilisés.

L'ouverture au champ de l'économie sociale et solidaire fera du service civique quelque chose de totalement nouveau. Dès lors, il faut solennellement créer une obligation pour la nation tout entière, impliquer l'État et ses administrations, les maisons de retraite, les hôpitaux, les établissements scolaires. De leur côté, les associations se sont emparées du dispositif depuis sa création. Il faut que chaque arrondissement – pour reprendre nos divisions administratives – se dote de commissions de gestion autour du corps préfectoral, les sous-préfets étant en première ligne. Il faut mobiliser les directeurs des missions locales ainsi que les directeurs d'établissement. Nous devons penser à l'animation de tous ces jeunes qui vont arriver. Il s'agit d'une révolution culturelle : nous faisons un saut car la demande en missions de 20 % d'une classe d'âge sera considérable. Il nous faudra être prêt sous peine de désenchantement.

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