Monsieur le ministre des finances et des comptes publics, la Banque centrale européenne – BCE – mène depuis maintenant un mois une politique d’assouplissement quantitatif qui consiste à racheter des titres de dettes publiques pour, entre autres, lutter contre la déflation qui menace l’Europe.
La BCE a bien des défauts – le Mouvement républicain et citoyen la critiquait avant même sa naissance – mais son président, M. Mario Draghi, a pris par deux fois la mesure de la crise, en mettant fin à la spéculation sur les dettes publiques en 2012 et, aujourd’hui, en affrontant le risque déflationniste.
L’assouplissement quantitatif a même favorisé une baisse de l’euro, qui se rapproche de la parité avec le dollar – sous l’effet, aussi, de la politique monétaire américaine. Les effets de cette politique sont incertains ; la situation est très contrastée, les bons indicateurs se mélangent aux mauvais.
À l’évidence, l’assouplissement quantitatif ne suffira pas. Pour le dire simplement, l’Europe mène une politique monétaire trop expansionniste tout en conservant des politiques budgétaires absurdement corsetées par le traité sur la stabilité, la coordination et la gouvernance – TSCG – et verrouillées, au niveau continental, par la droite allemande.
Plus que jamais, il faut regarder la réalité en face : les économies européennes divergent, alors que les traités étaient supposés organiser leur convergence. Le réel, on s’y cogne, et l’Union économique et monétaire, avec sa politique unique, se cogne à la réalité économique, ainsi qu’à la réalité démocratique – comme en Grèce.
Pour tous les citoyens, le silence de la France est souvent assourdissant. Alors, monsieur le ministre, qu’en pense la France, au moment où il est question, non pas d’une sortie de l’euro, mais de la dissolution de la zone euro ?