Nous sommes persuadés que ce modèle peut être transposé avec succès en métropole. Le président Hollande a annoncé, le 5 février dernier, la mise en place d'une expérimentation pour 900 stagiaires, dès l'année prochaine, avant une montée en puissance progressive jusqu'en 2019. Nous pensons qu'un objectif de 20 000 jeunes par an pourrait être un objectif raisonnable pour la métropole, sachant que l'outre-mer accueille 6 000 jeunes par an.
Quelles seront les clés de la réussite de ce dispositif ?
Il faut tout d'abord désigner une tutelle unique. Les armées ne connaissent qu'un principe efficace : un chef, une mission, des moyens. L'EPIDE, malgré une montée en puissance initiale réussie, souffre depuis d'un manque de pilotage, lié à une triple tutelle ministérielle inefficace. Le SMA, en revanche, est placé depuis l'origine sous la seule tutelle du ministère des outre-mer, qui en assure le financement, et est piloté par un commandement unique. Pour le SMA « métropole », que l'on pourrait appeler « service militaire volontaire » ou « service militaire pour l'insertion », la tutelle pourrait être assurée par le ministère du Travail, ou directement par le Premier ministre, dans le cadre de la création d'une instance interministérielle chargé de coordonner l'ensemble des dispositifs citoyens, dont ce service serait l'une des composantes. Dans tous les cas, il faudra un pilote bien identifié au sein du ministère de la Défense, qui pourrait être tout simplement le commandement du SMA, qui dispose déjà du savoir-faire.
Ensuite, il faut donner aux armées les moyens de remplir cette mission. Elles sont prêtes à le faire, et le font déjà avec succès outre-mer depuis cinquante ans. Les militaires que nous avons rencontrés participent avec enthousiasme à cette mission – même si nous avons conscience que la perspective de l'effectuer aux Antilles ou à La Réunion n'est pas étrangère à cet enthousiasme – et la remplissent avec l'engagement et le professionnalisme que nous leur connaissons. Le chef d'état-major des armées s'engage pleinement dans la mise en place prochaine de l'expérimentation, et un officier général, que nous rencontrerons prochainement, doit proposer différentes pistes avant l'été.
Nous devons donc être attentifs à ce que la révision de la loi de programmation militaire (LPM) laisse aux armées les infrastructures et les hommes nécessaires à l'accomplissement de cette mission nouvelle et que leur contrat opérationnel prévoit explicitement cette mission d'insertion de la jeunesse. Par ailleurs, les jeunes, et nos interlocuteurs ont bien insisté sur ce point, doivent être volontaires, et sous statut militaire.
Enfin, nous jugeons fondamental que le futur dispositif soit adossé aux treize régions métropolitaines, afin de pouvoir coordonner les actions de formation et s'appuyer sur des bassins d'emploi et de population vastes. La localisation des futurs centres devra donc être étudiée avec le plus grand soin, ce qui nécessitera certainement d'importants travaux d'infrastructures. La réussite du SMA tient à ce partenariat avec les régions et les collectivités locales.
Je voudrais également insister sur les vertus du dispositif qui dépassent la seule insertion professionnelle des jeunes stagiaires. Le SMA recrute, on l'a dit, des spécialistes et des volontaires techniciens, mais aussi des jeunes en service civique, pour participer à l'encadrement des stagiaires. On retrouve donc une sorte de brassage social, d'acculturation à l'esprit de défense et d'engagement citoyen propres au service national dont nous sommes quelques fois nostalgiques. Transposé à la métropole, le vivier de jeunes volontaires pour l'encadrement pourrait être considérable, en puisant à la fois dans les différents corps de métiers, mais aussi parmi les étudiants de l'université et des grandes écoles, qui trouveraient là l'occasion d'accomplir un semestre externalisé particulièrement enrichissant.
C'est donc une véritable dynamique qu'il faut enclencher, que nous devons, nous parlementaires, accompagner. Il ne s'agit pas de ressusciter un impossible service national obligatoire – nous pensons tous le deux qu'il s'agit d'une utopie – mais de proposer à 20 ou 25 000 jeunes un parcours d'insertion, au bénéfice de la collectivité, qui viendrait compléter l'offre existante – EPIDE, contrats aidés, service civique ou autres formes de volontariat.