Nous nous intéresserons également aux réserves. Les événements de janvier et la nécessité d'assurer la protection du territoire national obligent l'armée de terre à revoir son modèle, le général Bosser nous en parlé le mois dernier, afin d'être capable de tenir cette posture dans la durée.
Le président Hollande et le ministre de la Défense ont signifié leur volonté d'opérer une véritable révolution culturelle de la réserve. Les armées y sont prêtes et nous souhaitons abonder dans ce sens. Nous allons donc réfléchir aux conditions d'emploi de cette réserve, ainsi qu'à ses modes de recrutement et de formation.
La gendarmerie a su adapter son mode de gestion pour disposer d'une réserve réactive, facilement mobilisable, et présente sur l'ensemble du territoire national. Les armées ne disposent malheureusement pas de cette présence continue sur le territoire mais pourraient certainement moderniser leur mode de fonctionnement et mettre en place une gestion plus dynamique des fichiers et des compétences. Ce ne sont en fait pas tant les dispositifs législatifs qui manquent, mais les moyens financiers et la volonté des armées.
Pour favoriser le recrutement et disposer d'un vivier conséquent, nous sommes persuadés qu'il pourrait être possible d'imposer une obligation de servir dans la réserve à certaines catégories : aux lauréats de concours de la fonction publique, aux élèves de l'ENA ou d'autres grandes écoles, par exemple. On peut également s'interroger sur les limites d'âges : pourquoi se limiter aux seuls moins de trente ans, quand on sait que ce sont eux qui connaissant le plus de difficultés d'insertion sur le marché du travail ? Nous rencontrerons les responsables des armées mais aussi les représentants d'entreprises et les associations de réservistes pour approfondir avec eux ces questions. Enfin, s'il n'est pas question d'imposer cet engagement à tous les jeunes Français, il est certainement possible de faire participer un plus grand nombre d'entre eux aux différentes formes d'engagement au service de la collectivité : réserves mais aussi service civique et volontariat dans les armées.
Le volontariat dans les armées devra également être rénové. Chaque année les armées accueillent quelques centaines de jeunes, étudiants pour la plupart, pour des contrats d'un an, ce qui leur offre une année de césure et une première expérience professionnelle particulièrement riches. Le problème est que ce dispositif souffre d'un manque de visibilité, est piloté par chacune des armées et est souvent perçu par elles comme une sorte de pré-recrutement. Nous pensons qu'il pourrait être utilement rénové, en proposant peut-être des périodes plus courtes, compatibles avec la semestrialisation des études supérieures, avec pour objectif de toucher un nombre plus important de jeunes, renvoyés ensuite à la vie civile.
Au total, nous disposons de la plupart des outils nécessaires à la réussite tant de l'insertion des publics les plus fragiles que du renforcement de la cohésion nationale et de la résilience de notre Nation. Il s'agit désormais de les mettre en cohérence, autour d'un chef bien identifié, avec des moyens en conséquence et une volonté sur la durée. Chaque Français doit pouvoir trouver une forme d'engagement qui lui convient : service civique, service militaire adapté, volontariat, réserve…