Intervention de Olivier Carré

Réunion du 15 avril 2015 à 9h30
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaOlivier Carré :

Comme Pierre-Alain Muet, je suis convaincu que la croissance réelle devrait, sauf accident, être supérieure à ce qui est prévu. Mais tout cela relève plus à mon sens d'un exercice de communication de la part du Gouvernement que des résultats d'une politique économique. À tel point que le Haut Conseil constate lui-même qu'une « sous-utilisation aussi importante et aussi durable des moyens de production ne s'accorde pas avec l'accélération de l'investissement, de l'inflation et des salaires retenue par ailleurs dans le scénario du Gouvernement ». D'un côté, lorsque le Gouvernement s'exprime pour la Commission européenne ou devant nous, il nous dit que tout va bien en annonçant que les efforts consentis sur le plan de la gestion portent leurs fruits et il cite la réduction du déficit structurel. D'un autre côté, il annonce, à l'intention de l'opinion publique, que les salaires continueront d'augmenter, et que la reprise est là grâce aux outils, comme le CICE, qu'il a mis en place pour soutenir l'économie. Avec de telles contradictions, il y a de quoi être un peu schizophrène.

En fait, les dépenses structurelles continuent de progresser. Il n'y a qu'à voir, en matière de dépenses publiques, l'évolution de la masse salariale qui, mois après mois, repart à la hausse, à un rythme largement supérieur à celui de l'inflation. Le Gouvernement ne s'en cache pas : les ministres annoncent même, les uns après les autres, qu'ils embauchent ici dix mille fonctionnaires supplémentaires, là cinq mille autres. La réalité des chiffres finit par parler.

Il faudrait tout de même finir par établir des étalons. Dans l'esprit qui a prévalu lors de la fondation du Haut Conseil, je ne trouve pas normal que le Gouvernement joue avec la notion de croissance structurelle. Elle devrait être déterminée par le Haut Conseil, « certifiée » par lui en quelque sorte, à partir des travaux des divers instituts et économistes – je crois que c'est un peu le système retenu en Allemagne. Cette donnée est en effet cardinale pour observer toutes les autres évolutions, notamment celles des déficits.

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