Vous avez eu raison de signaler que l'évaluation de la croissance potentielle faisait de nouveau l'objet de débats. Lors de l'examen du dernier projet de loi de finances, j'avais moi-même souhaité modifier l'évaluation du solde conjoncturel et du solde structurel proposée par le Gouvernement car je considérais que l'estimation de la croissance potentielle était trop faible – elle est à mon sens plus proche de 1,5 % que de 1 %. Votre avis donne cependant le sentiment qu'il pourrait exister un débat sur cette évaluation. Or le six pack et le two pack sont très clairs : la Commission européenne fixe la croissance potentielle, et le Gouvernement français n'a pas son avis à donner. Qu'est-ce qui vous amène à suggérer que la croissance potentielle révisée pourrait relever de la responsabilité du Gouvernement ?
Le Haut Conseil laisse par ailleurs entendre que l'ajustement budgétaire de 4 milliards d'euros annoncé par le Gouvernement n'aurait pas d'influence sur le scénario macroéconomique. Pourquoi considérer qu'un ajustement budgétaire, certes mesuré mais de 4 milliards tout de même, n'aurait pas d'effet sur le scénario macroéconomique ? L'économiste que je suis est un peu interloquée par cette formule car, à ma connaissance, tout ajustement budgétaire a un impact sur ce scénario.
L'avis du Haut Conseil écarte au stade actuel l'hypothèse selon laquelle nous pourrions être dans un scénario déflationniste. Vous considérez la baisse de l'euro et celle des prix du pétrole comme des signaux positifs, mais certains économistes suggèrent qu'elles dessinent un scénario de déflation parfaitement lisible aujourd'hui dans les bilans des banques allemandes ou françaises. Le Haut Conseil a-t-il lu les analyses de nombre d'économistes européens selon lesquels ces baisses nominales de prix ne sont pas des signaux de reprise mais des éléments déflationnistes ?