Dans mon département, il existe deux agricultures : au sud, nous trouvons des exploitations classiques de 30 à 100 hectares maximum ; au nord, les exploitations s'étendent sur 700 à 1 000 hectares. Il s'agit plutôt d'industries lourdes au regard des sommes engagées, du prix du foncier ou du capital investi, ce ne sont plus des agriculteurs. Certaines perçoivent des primes de près d'un million d'euros par an au titre de la PAC ; des terrains se vendent à 15 000 euros l'hectare ; des tracteurs à chenille peuvent coûter 6 millions d'euros pièce. Votre rapport parvient-il à tracer cette frontière, à distinguer ces deux agricultures qui ne sont plus comparables, hormis certaines traditions ? L'agriculture classique a beaucoup évolué et s'est modernisée, mais l'autre devrait être qualifiée d'industrie lourde, ou de placement financier. Je peux témoigner que le retour sur investissement est élevé dans ces cas. Certains propriétaires fonciers de mon département dégagent des revenus importants en louant simplement leurs terres à des producteurs, avec pour seul engagement d'assurer leur irrigation en août. Ils dégagent des rendements qui sont plus élevés que ceux de la plupart des fonds d'investissement.