Dès lors que nous revenons sur le texte en nouvelle lecture, il est normal que nous présentions des amendements, puisque vous avez décidé qu'il n'y avait pas d'accord. Nous étions prêts à faire des compromis, mais puisque nous débattons à nouveau de ce texte, puisque vous revenez en arrière sur toutes les dispositions que vous refusez, nous adoptons la même attitude ! Ce retour en arrière, c'est votre choix, c'est le choix du président de la CMP qui a choisi de lever la séance sans procéder à un vote.
Quel était ce minuscule point, pourquoi dis-je que les masques tombent ? Nous disions que nous étions d'accord pour réduire la part du nucléaire de 75 % à 50 %, ce que vous avez proposé. Nous étions, je le redis, prêts à l'accepter ! Mais nous avons dit aussi que se donner dix ans seulement pour ce faire impliquait un démantèlement à toute vitesse des centrales existantes. Il faut nous donner un calendrier qui permettra de lisser les à-coups et d'éviter la casse sociale que nous voyons se profiler. En réalité, nous sommes d'accord sur l'objectif final, mais nous divergeons sur la méthode. Nous voulons agir de façon souple, en sauvegardant l'emploi ; vous voulez démanteler les centrales rapidement, quitte à faire de la casse sociale.
Vous avez refusé de déplacer la date du passage à 50 % de quelques années parce qu'il fallait absolument, pour des raisons politiques, que l'on retrouve dans cette loi l'accord de 2012 entre les socialistes et les écologistes. Vous sacrifiez ainsi des dizaines de milliers d'emplois sur l'autel d'un accord politique. Ce n'est pas beau, mais c'est votre responsabilité. C'est pour cela que nous devons refaire ce texte ce soir ; nous repartons de zéro, mais encore une fois, c'est votre choix.
Mais ne dites pas que nous n'étions pas d'accord ! Nous n'avons jamais prôné le 100 % nucléaire, contrairement aux ayatollahs qui veulent le 100 % énergies vertes. Nous sommes tous pour la réduction de la part du nucléaire ; notre seul point de désaccord, c'est bien son calendrier. La version du Sénat permettait de fixer un objectif de baisse de la part du nucléaire, mais sans fermer Fessenheim, donc sans la casse sociale.
Si vous n'aviez pas fait de la politique politicienne, nous aurions parfaitement pu arriver à un accord ! (Rires sur les bancs du groupe SRC.)