Intervention de Augustin Landier

Réunion du 16 avril 2015 à 11h00
Mission d'information commune sur la banque publique d'investissement, bpifrance

Augustin Landier :

La question de l'amorçage renvoie à celle du risque, parfois trop important pour que l'entrepreneur puisse démarrer son projet, alors que celui-ci a globalement de la valeur pour la société. Mais il faut alors admettre clairement que l'on se situe dans une logique de subvention, et il existe déjà de nombreux dispositifs prévus à cet effet.

Quant à l'accompagnement, je partage ce que vous dites, mais nous sommes dans un autre registre que celui de la banque. Notre étude sur le financement des PME a clairement mis en lumière que ces dernières souffraient souvent d'une méconnaissance de base des mécanismes comptables, administratifs et financiers, qui pénalisait les chefs d'entreprise. Il y a donc là un véritable besoin, auquel entend d'ailleurs répondre la BPI en lançant Bpifrance Université.

Par ailleurs, il existe en France de nombreux dispositifs de subventions à l'entreprenariat. Je pense notamment aux mesures incitatives à destination des chômeurs souhaitant créer leur entreprise. Je vous renvoie ici à un article de David Thesmar, qui livre une évaluation plutôt positive de ces dispositifs, dans la mesure où les entreprises créées par des chômeurs fonctionnent plutôt mieux que ce qu'on pourrait imaginer.

En ce qui concerne les fonds de retournement, la BPI a délibérément pris la précaution d'éviter le sujet, car elle sait pertinemment qu'en tant qu'acteur public il lui sera impossible de supprimer des emplois. Dès qu'il s'agira d'entreprises d'une certaine taille, elle risque de s'exposer à subir des pressions politiques et aura les plus grandes difficultés à imposer un changement de business model. J'insiste par ailleurs sur le fait qu'imaginer que les investisseurs privés ne sont que de méchants financiers toujours enclins à supprimer des emplois en réalité rentables à court terme relève de la mythologie. Les professionnels du private equity savent identifier les sources de profit et en tirer parti. Je ne vois donc guère ici de faille de marché ; en revanche, j'attire votre attention sur les risques de conflit d'intérêts pour une institution publique placée dans une situation où elle serait contrainte de détruire des emplois.

Encore une fois, les questions de rentabilité renvoient à la fiscalité, au droit des faillites et aux diverses frictions administratives, qui diminuent in fine la part des bénéfices. Mais je persiste à croire qu'il vaudrait mieux user du levier fiscal que de subventions à l'amorçage et que ce circuit qui consiste à redistribuer ce que l'on a prélevé fiscalement dans un premier temps, s'apparente à de la fausse générosité. Si ces procédés sont légitimes en tant de crise, ils ont tendance à perdurer et le système s'auto-entretient : dès lors, en effet, que la fiscalité est élevée peu de projets sont viables.

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