Ma question s’adresse au ministre de l’intérieur, mais je ne doute pas que M. le porte-parole du Gouvernement saura y répondre.
Monsieur le ministre, depuis 2011, le quartier Truillot, dans la commune d’Ivry-sur-Seine, accueille un bidonville. Un temps, j’ai cru que ce terme relevait du langage technocratique mâtiné de « politiquement correct » pour désigner ce que tout le monde appelle un campement de Roms. Mais, pour me rendre régulièrement sur place, je dois vous dire que ce mot de bidonville correspond malheureusement à la réalité. C’est dramatique d’abord pour les familles qui y vivent, mais aussi pour les riverains, qu’ils soient habitants, salariés des entreprises, élèves ou enseignants du collège Politzer tout proche. Car ce bidonville a la particularité d’être situé en centre-ville.
L’affaire est connue et les pouvoirs publics sont mobilisés : la commune, le département, la préfecture et l’ensemble des institutions concernées, au premier rang desquelles l’Assistance publique – Hôpitaux de Paris, propriétaire du terrain.
L’affaire est connue, et pourtant elle dure. Monsieur le ministre, elle n’a que trop duré ! Il faut maintenant passer à l’acte. Une décision d’expulsion prise par le tribunal est intervenue en décembre 2013. La situation sanitaire n’est pas bonne, la salubrité n’est plus assurée, la légalité est malmenée puisque le bidonville est le lieu d’activités illicites, notamment de trafic de métaux.
Le travail social a été fait, de premiers relogements ont eu lieu. Les communes de ma circonscription sont des communes populaires, au coeur de ce qu’on a longtemps appelé la « banlieue rouge ». Elles gardent le souvenir des grands bidonvilles, de l’habitat informel, de ce qu’on nommait, voilà des décennies, « la zone ». Elles sont solidaires, mais il faut aujourd’hui que la situation insupportable créée par ce bidonville cesse. Ce qui est en cause, c’est l’ordre public.
Mes chers collègues, il n’y a pas de solidarité sans règle. Je dirai même qu’il n’y a pas de solidarité sans frontière.
Tout le monde connaît la situation du bidonville. Beaucoup de gens travaillent avec les familles qui y vivent. Une dizaine de familles supplémentaires sont prêtes à être relogées et suivies par une association. Maintenant, il faut des actes et d’abord, au plus vite, le concours de la force publique.
Monsieur le ministre, quelles décisions le Gouvernement prendra-t-il pour sortir de cette situation insupportable ?