Monsieur le Premier ministre, dans une lettre adressée à la ministre de l’éducation nationale, l’ancien Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a fait part de son inquiétude quant à l’enseignement de la langue allemande, malmené par la réforme des collèges. Cette inquiétude est partagée par notre collègue Pierre-Yves Le Borgn’, président du groupe d’amitié France-Allemagne, ainsi que par tous ceux pour qui l’entente franco-allemande a encore un sens.
Plus largement, c’est toute la communauté franco-allemande qui s’inquiète de cette réforme. En Allemagne, celle-ci suscite une vive émotion et tous nos collègues qui ont des contacts étroits avec nos amis allemands, comme Pierre Lequiller, peuvent en témoigner. Même l’ambassadrice d’Allemagne en France a exprimé sa préoccupation quant à l’affaiblissement de l’apprentissage de l’allemand en France.
Avec cette réforme, vous risquez de mettre à mal le couple franco-allemand que vos prédécesseurs ont construit pas à pas depuis soixante-dix ans et qui s’est décliné sur nos territoires par toute une série d’actions tant sur le plan éducatif – avec les classes européennes, les classes bilangues et les sections AbiBac – que sur le plan économique – avec les échanges universitaires ou des grandes écoles.
Plutôt que de remettre en cause ces actions, il faudrait bien au contraire encourager le développement des classes bilangues sur tout le territoire, comme c’est le cas, entre autres, dans les académies de Nancy-Metz et de Strasbourg. Monsieur le Premier ministre, cette réforme est à la fois une faute politique, une faute économique et une faute culturelle.