Intervention de Éric Ciotti

Séance en hémicycle du 13 mai 2015 à 15h00
Respect du principe de laïcité dans l'accueil des mineurs — Motion de renvoi en commission

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaÉric Ciotti :

Loin d’être le ferment de divisions prônées ou du moins imaginées par certains, la laïcité représente bien au contraire, aujourd’hui, un puissant facteur de rassemblement de notre société. Elle n’impose pas de reniement de la part des individus. Elle leur impose seulement de confiner à la sphère privée ce qui relève de leurs croyances religieuses, ce qui relève de l’intime, et de ne pas l’opposer à ceux qui ne partagent pas leur appartenance religieuse. Sans le respect de la laïcité, il ne peut y avoir dans notre pays de cohésion nationale.

Cette laïcité à la française est certes le résultat d’une histoire tumultueuse – rappelons-nous les affrontements du début du XXe siècle. Mais certaines pratiques religieuses récentes soulèvent de nouvelles questions, posent de nouveaux défis auxquels il nous revient de répondre. Cent dix ans après l’adoption de la loi de 1905 portant séparation de l’Église et de l’État, les positions sont toujours virulentes. Alors même que les pressions religieuses semblaient canalisées depuis plusieurs décennies, les revendications, les exigences communautaristes se multiplient hélas, y compris lorsqu’il s’agit d’enfants en bas âge, plus particulièrement objets de cette proposition de loi.

Après les attentats de janvier dernier qui ont visé le coeur même des valeurs de la République, des millions de Français ont exprimé leur attachement viscéral au principe de laïcité. Or, nous devons le déplorer : cette laïcité, à laquelle nous sommes attachés, représente aujourd’hui une valeur menacée que nous avons le devoir de défendre. Nous devons pour cela, mes chers collègues, engager une lutte farouche contre toutes les formes de communautarisme. Plus que jamais, face à l’expression des revendications communautaristes, la laïcité s’impose. Mais la laïcité est un combat permanent, qui n’est jamais tout à fait gagné. Quelles que soient nos convictions, nos croyances, nous avons reçu l’héritage de Voltaire et des Lumières, et plus encore celui des grands républicains. Je pense à Léon Gambetta ou à Jules Ferry, et à leur combat pour offrir une instruction publique et laïque au plus grand nombre ; je pense à Clemenceau et à son combat pour distinguer ce qui relevait des Églises et ce qui relevait de l’État ; je pense aux efforts constants, depuis la loi de 1905, pour faire vivre la laïcité tout en réconciliant les Français – car la laïcité n’est pas, notre rapporteur l’a rappelé, une opposition aux religions, mais bien la définition d’un espace public de pluralisme et de tolérance qui permet à chacun de s’exprimer dans le respect des autres, en évitant d’imposer à autrui son appartenance religieuse.

1 commentaire :

Le 14/05/2015 à 08:32, laïc a dit :

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"les revendications, les exigences communautaristes se multiplient hélas, y compris lorsqu’il s’agit d’enfants en bas âge, plus particulièrement objets de cette proposition de loi."

Pourquoi dans ces conditions faire une loi pour les enfants dans le secteur privé, alors que les enfants dans le secteur public, dans les cantines scolaires, voient leurs revendications, ou plutôt celles de leurs parents, satisfaites, voire même anticipées avant réclamation ? C'est illogique et absurde.

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