Personnellement, comme Jacques Myard, je ne le crois pas. J’entends la tentation de certains de renoncer à lutter contre le port ostentatoire de signes religieux, notamment contre le port du voile, sujet prégnant depuis un quart de siècle, depuis l’affaire de Creil en septembre 1989. Faute d’avoir fixé des règles suffisamment claires sur le vivre-ensemble, nous avons pensé que les difficultés se régleraient d’elles-mêmes avec le temps. Erreur tragique ! La situation n’a fait que s’aggraver.
J’entends aussi la tentation de certains de renoncer à lutter contre les revendications communautaristes, au prix d’accommodements supposés raisonnables mais qui ne visent qu’à gagner un peu de répit en achetant la paix sociale… Quelle lâcheté ! Il faut bien comprendre que nous faisons face à un combat de valeurs, qui se perd à chacun de ces renoncements ! Ceux pour qui la religion commande toute l’existence dans ses aspects spirituels, temporels, juridiques, alimentaires, accroissent autant que possible leurs revendications tant qu’ils ne rencontrent pas de limites. La borne que nous devons leur opposer porte le beau nom de laïcité. C’est elle qui nous permet de vivre dans une société harmonieuse, mais c’est aussi elle qui aujourd’hui est attaquée. Force est en effet de constater que les coups de canif à son encontre se multiplient. Certaines pratiques récentes soulèvent des questions. Ainsi, dans le monde du travail, des revendications nouvelles apparaissent. À cet égard, l’enquête réalisée le mois dernier par l’institut Randstad et l’Observatoire du fait religieux en entreprise montre que 23 % des managers font face régulièrement à la question du fait religieux au travail. Le chiffre n’était que de 12 % en 2014 : il a presque doublé en une année. Les situations de conflit ont triplé en deux ans, pour atteindre 6 %. Nous ne pouvons pas laisser la situation se dégrader encore plus. Il est de notre devoir en tant que législateur de faire évoluer le cadre légal et d’apporter des solutions au fur et à mesure que les problèmes se posent et, hélas, s’amplifient.
Face à ces dérives, votre gouvernement, madame la secrétaire d’État, n’a pas été – j’ai le regret de vous le dire – à la hauteur des attentes des Français et d’enjeux aussi importants. Son attitude est même l’inverse : il entretient la confusion. Nous avions pris au contraire, lorsque nous étions dans la majorité, nos responsabilités.
Le 14/05/2015 à 08:44, laïc a dit :
"J’entends la tentation de certains de renoncer à lutter contre le port ostentatoire de signes religieux, notamment contre le port du voile, sujet prégnant depuis un quart de siècle, depuis l’affaire de Creil en septembre 1989"
On se souvient encore de M. Chenières, le principal du collège Gabriel Havez de Creil (une grande mosquée avec minaret a été construit à 100 mètres de ce collège depuis) expliquant qu'il fallait interdire le voile parce que la loi c'était la scolarité des élèves "sans distinction de religion", et que donc il ne devait pas distinguer la religion des élèves, d'où l'interdiction du voile... Le problème, c'est qu'à côté du terme "religion", il y avait "origine" et "race", et donc il lui aurait fallu aussi logiquement ne pas pouvoir distinguer l'origine ou la race des élèves, ce qui devenait franchement absurde. Le "sans distinction" voulait bien dire qu'il ne devait pas prendre en considération l'aspect visuel de la religion, tout comme il ne devait pas prendre en considération l'origine ou la race des élèves pour en faire un élément d'interdiction de scolarité.
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