Ma question s’adresse au ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt et porte sur la bactérie Xylella fastidiosa – voyez qu’on utilise encore le latin dans les sciences ! Cette dernière constitue une grave menace pour l’oliveraie en particulier et il n’existe, à l’heure actuelle, aucune mesure de prophylaxie, hormis l’arrachage et le brûlage. Cette bactérie est actuellement présente dans la région italienne des Pouilles et progresse rapidement vers le nord, vers Brindisi. Sa propagation pourrait s’étendre à d’autres régions de la péninsule et atteindre la France, notamment le pourtour méditerranéen. Du reste, on a trouvé récemment à Rungis un plant de caféier infesté en provenance de Hollande.
La Corse demeure particulièrement exposée, du fait des nombreux échanges commerciaux entre l’île et l’Italie mais aussi de la présence des mêmes cultures sensibles assorties d’un climat propice et des mêmes insectes vecteurs. En substance, cette bactérie menace de nombreux arbres fruitiers, les chênes et la vigne, en plus de l’olivier. Une infestation constituerait une vraie catastrophe sanitaire et environnementale mais aussi, bien entendu, économique. Vous le savez, la Corse produit et exporte, entre autres, de l’huile d’olive, des clémentines et du vin reconnus pour leur qualité.
Face à ce grave péril, dont il convient de prendre toute la dimension, aucune mesure concrète n’avait été prise jusqu’à récemment. La collectivité territoriale a sensibilisé les pouvoirs publics, notamment le représentant de l’État en Corse mais également le ministère, pour que des dispositifs de protection soient mis en place dans les meilleurs délais. Je dois dire que nous avons été entendus. Il y quelques semaines, le Gouvernement a décidé la mise en oeuvre de mesures nationales afin d’interdire l’importation en France de végétaux sensibles à la Xylella fastidiosa en provenance des zones touchées. Le préfet de Corse a jugé nécessaire, et je ne peux que m’en féliciter et le remercier, d’y ajouter des mesures complémentaires qui, je le crois, vont se révéler particulièrement efficaces.
Face donc à ce péril qui, s’il se précise, ne nous laissera que les yeux pour pleurer, il serait opportun de prendre aussi les dispositions suivantes : élargir l’interdiction totale à l’ensemble des végétaux, avec des dérogations, mais réservées aux professionnels ; créer un centre d’analyse sur place, en Corse, pour connaître plus rapidement les résultats ; établir un comité technique qui sera en mesure, d’une part, de définir des critères de dérogation et, d’autre part, d’étudier la possibilité de créer des zones de confinement dans les deux ports principaux, avec désinsectisation systématique des végétaux et analyse des variétés sensibles pour s’assurer de l’état sanitaire des végétaux introduits par dérogation.
Je vous remercie, monsieur le secrétaire d’État, de bien vouloir nous faire connaître votre avis sur les propositions que nous venons de formuler.