Nous ne partageons pas l'avis du rapporteur sur la gouvernance proposée, ainsi qu'en témoigne l'amendement que nous avons déposé.
Pour repousser d'éventuelles modifications, vous invoquez l'accord politique qui est intervenu. Avouez que cette conception du travail parlementaire est pour le moins étonnante. S'il s'agit simplement de ratifier un texte déjà arbitré, il eût été préférable de l'annoncer dès le départ. Je suis surpris qu'il ait fallu passer par tous ces épisodes pour aboutir à la conclusion que le Parlement n'a pas grand-chose à dire, puisque la version du Gouvernement doit prévaloir.
D'autre part, s'agissant de l'équilibre entre unité et autonomie, vous mettez en cause la viabilité de l'innovation introduite par le Sénat, tout en reconnaissant son caractère séduisant. Il est possible de prendre le contre-pied de votre argument : c'est précisément le texte que vous nous proposez d'adopter qui pose problème. Vous créez une situation dans laquelle chaque pôle va désigner de son côté un responsable, tandis que le président sera élu séparément par le conseil d'administration. Comment cette gouvernance à trois têtes peut-elle fonctionner, dès lors que les élections sont indépendantes ? Au lieu de favoriser l'unité, vous amplifiez l'éclatement. Au contraire, la présentation d'une candidature commune obligerait à trouver un accord politique en amont.
L'absence de « ticket » entre le président et les vice-présidents porte en germe l'éclatement potentiel de l'université. Votre texte conduit à un démantèlement de l'université des Antilles contre lequel nous nous insurgeons. Il va à l'encontre du point de vue défendu par Mme Fioraso elle-même, qui insistait sur la nécessité de bâtir des établissements de taille significative. Les grands perdants de votre politique, ce seront les Antillais eux-mêmes.