Intervention de Brigitte Allain

Séance en hémicycle du 21 mai 2015 à 15h00
Transition énergétique — Article 19

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaBrigitte Allain :

Que la lutte contre le gaspillage alimentaire soit inscrite dans ce projet de loi relatif à la transition énergétique nous paraît être une évidence. En effet, en moins de 100 ans, nous sommes passés d’une société paysanne à une société de consommation. L’éloignement entre les consommateurs et les producteurs a ainsi fait de l’alimentation un bien de consommation comme les autres. Produire des aliments sains, diversifiés, de façon durable et en quantité suffisante mobilise toutefois les biens communs que sont la planète, les sols, l’eau, l’air, ainsi qu’une quantité importante de ressources énergétiques qui ne sont pas inépuisables.

Cultiver la terre, élever des animaux, produire des végétaux pour notre alimentation ne se fait plus de manière symbiotique ou suivant les lois de Lavoisier, selon lesquelles rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Lavoisier n’avait pas prévu que les spéculateurs de l’alimentaire oseraient un jour javelliser des aliments pour que les plus démunis d’entre nous ne puissent plus les consommer.

Aussi loin que l’on puisse remonter dans notre histoire, notre civilisation s’est construite autour de l’accès à la nourriture pour tous, droit d’accès qui s’étend aujourd’hui à l’eau, à l’énergie. L’idée même de détruire un aliment de base – fruit, légume, céréale – issu de son travail est insupportable pour un paysan qui porte la plus grande attention à sa récolte. Tout comme le paysan, le cuisinier, l’artisan-charcutier, le boulanger gèrent au plus juste leur production pour ne pas la jeter. Avez-vous remarqué qu’un enfant qui confectionne un gâteau avec ses parents ou dans le cadre d’une activité lui trouve une saveur à nulle autre pareille ?

Alors, si l’on peut regretter que nos pays riches se soient développés au mépris des conditions climatiques favorables dont ils ont l’immense chance de bénéficier et au mépris des pauvres pour acquérir leur alimentation quotidienne, nous pouvons à tout le moins mettre fin à ce scandale du gâchis alimentaire. Dans un amendement commun à notre groupe, dont nous parlerons plus loin, à la suite de la mobilisation du député Guillaume Garot, nous proposons que chaque maillon de la chaîne alimentaire prenne sa responsabilité pour réduire le gaspillage alimentaire.

Respecter notre alimentation, respecter chaque acteur ; de ces principes découle une hiérarchie des actions contre le gaspillage. Ces propositions sont novatrices, ambitieuses : prévenir le gaspillage, privilégier la consommation humaine des biens invendus produits à cet effet, puis la consommation animale et, enfin, le compostage ou la méthanisation, au lieu d’incinérer ou d’enfouir ces biens valorisables pour notre énergie.

Je serais donc très fière que nous posions aujourd’hui unanimement les bases d’une politique publique volontariste contre le gaspillage alimentaire.

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