Intervention de Patrice Carvalho

Séance en hémicycle du 21 mai 2015 à 21h30
Transition énergétique — Article 29

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPatrice Carvalho :

Pour vous faire gagner un peu de temps, monsieur le président, je défendrai en effet conjointement l’amendement no 383 de suppression de l’article, et l’amendement de repli no 382 qui porte sur la structure du capital des sociétés d’économie mixte, les SEM.

L’article 29, comme le précédent, prépare l’ouverture à la concurrence de la gestion des concessions hydroélectriques par la voie de sociétés d’économie mixte. Il est prévu que la part publique puisse diminuer jusqu’à 34 % et l’investissement privé s’élever à 66 %.

D’aucuns parlent d’une minorité de blocage, mais en quoi une société d’économie mixte avec 66 % de parts privées serait-elle représentative de la maîtrise publique ?

Un groupe privé ne prendra pas le contrôle de 66 % du capital sans objectifs financiers. Il est évident que tous ceux qui investiront dans le cadre d’une concession hydraulique viseront un retour sur investissement. Il suffit d’observer comment s’opère la financiarisation de l’économie !

Si un fonds de pension acquiert 66 % du capital d’un groupe de centrales hydrauliques, regroupant plusieurs barrages sur des secteurs complets, il est évident que son but sera la recherche du profit maximal.

On nous répondra que la SEM se verra imposer des contraintes, comme la gestion des usages de l’eau, en lien avec les collectivités territoriales et tous les usagers de l’eau. On nous opposera que les profits ne seront pas extraordinaires et que les collectivités auront tout loisir de devenir des actionnaires beaucoup plus importants, pour laisser encore moins de marges de manoeuvre au privé.

Mais encore faudrait-il qu’elles le puissent ! Étant donné l’état des finances locales, nous pouvons en douter.

Notre rapporteure l’avait très pertinemment souligné dans son rapport : la seule garantie apportée aux collectivités est le cahier des charges des concessions. Or comme le montre l’analyse des conséquences de la mise en concurrence, le cahier des charges des concessions ne permettra de mieux encadrer l’action du concessionnaire sur les cours d’eau qu’à court terme. Comment prévoir les besoins des usagers pour les quarante prochaines années ?

Enfin, la réduction du portefeuille hydraulique d’EDF provoquera mécaniquement une hausse des prix.

En résumé, cette nouvelle mise en concurrence des concessions conduit à perdre l’avantage compétitif dont dispose la France grâce à l’électricité hydraulique.

Mes chers collègues, pour l’ensemble de ces raisons, nous vous invitons à supprimer cet article.

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