Intervention de Yves Jégo

Séance en hémicycle du 21 mai 2015 à 21h30
Transition énergétique — Article 46

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaYves Jégo :

…que malheureusement, non par mauvaise foi, ni, madame la rapporteure, parce qu’il y aurait d’un côté les bons et de l’autre les méchants, que votre solution aura bloqué le système.

Voilà tout ce dont je voudrais vous convaincre ! Nous sommes d’accord sur tout le reste. La seule question est de savoir si nous agissons tout de suite ou si nous ouvrons tellement de parapluies que tout échouera. Dans ce cas, nous perdrons la technologie. Et le jour où, les Chinois l’ayant rachetée et développée, sans nous, dans leur pays, ils reviendront nous l’imposer, dans dix ans, quand nous aurons de nouveau changé la loi, nous aurons l’air fin ! C’est pourtant toute l’histoire technologique française depuis des lustres : nous avons inventé les technologies, nous avons tenté de les faire balbutier, et parce que nous n’avons jamais libéré les choses, elles sont allées se développer ailleurs !

Nous sommes là au coeur de la transition énergétique. La transition énergétique se fera par la technologie. Ce sont nos ingénieurs et nos entreprises qui l’inventent ! Allons-nous donner à nos entreprises les capacités de développer ces technologies ? Écoutez donc les effaceurs ! N’écoutez pas que les fournisseurs, écoutez aussi les effaceurs qui vous disent que sans cette liberté, ils cesseront d’investir des dizaines de millions d’euros pour installer des boîtiers chez les gens alors qu’ils ne savent toujours pas comment ils seront rémunérés ! Tel est le fond de la question !

Sur ce sujet, pour conclure, soyons un peu audacieux, sans pour autant prendre de risques. Les 1 500 à 3 000 emplois sont précieux, comme le sont les 2 millions de tonnes de CO2 économisées. Et ce qui est diabolique, c’est que nous sommes tous d’accord ! La seule différence, c’est dans le choix de ce qui doit venir en premier ou en dernier. Vous souhaitez lancer les appels d’offres d’abord, avant d’aviser ; je crois qu’il faut d’abord regarder comment ça marche, et en cas d’échec, lancer les appels d’offres. Voilà tout !

M. Brottes se dit qu’après m’avoir écouté, il se contentera d’un essai de deux ans. Mais pendant ces deux ans, ce n’est pas RTE qui va tout payer avant d’être remboursé, ce sont les effaceurs qui vont tout prendre en charge. Ils vous répondent que dans ce cas, ils ne vont rien faire, puisqu’ils ignorent à quelle sauce ils seront mangés dans deux ans !

Derrière cela, il y a un enjeu politique, madame la ministre. Sortez de ce débat en étant en pointe sur cette question ! Allez vendre aux pays qui se réuniront à Paris en décembre l’idée que la France possède une technologie de l’effacement pouvant s’exporter dans le monde entier, et que l’on pourrait économiser des millions de tonnes de CO2 dans le monde en coupant simplement le courant pendant quelques secondes dans les foyers chauffés à l’électricité ! Voilà ce qu’il faut défendre : de l’ambition, de la force, de la puissance, une vision de l’avenir, et non pas seulement des mécaniques qui nous étouffent !

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