Le 14 avril dernier, madame la ministre du logement, devant les maires d’Île-de-France, le Premier ministre annonçait sa volonté de créer une opération d’intérêt national, une OIN, sur le parc George Valbon, avec l’objectif d’y construire 24 000 logements. Cette intervention a soulevé émotion et colère parmi la population de Seine-Saint-Denis.
Alors qu’on peut lire sur le portail internet du Gouvernement que, dorénavant, l’ensemble des projets menés dans ces quartiers au titre d’une politique de la ville devront être conçus et pilotés en associant les citoyens concernés, vous utilisez l’OIN. Les élus et les habitants n’auraient pas leur mot à dire sur la définition des projets, la délivrance des permis de construire, donc les constructions à venir dans un parc et autour de ce parc qui constitue le poumon vert des habitants et habitantes de la Seine-Saint-Denis. Où est la concertation ? Où est le droit à la parole des citoyens et citoyennes concernées ?
Ce que vous leur proposez, c’est la privatisation d’un parc, aujourd’hui classé Natura 2000, qui constitue un lieu de détente et souvent de vacances pour des dizaines de milliers de personnes. Ce parc, ils y tiennent et ils le montrent jour après jour.
Dans son discours du 14 avril, le Premier ministre déclare vouloir créer autour du parc un grand quartier, mixte et durable, qui offrirait d’importantes perspectives de développement et d’emplois pour le territoire, mais voilà bien longtemps que les maires, avec leurs populations, se battent pour le franchissement de l’A1 afin de faire entrer le parc dans la ville.
C’est ce territoire qui porte des pôles industriels comme celui de l’aéronautique. C’est ce territoire qui, aujourd’hui, produit le plus de logements en Île-de-France, 3 000 par an, et qui en produira plus de 4 200 dès 2016, conformément au contrat de développement territorial signé en janvier 2014. En matière de solidarité nationale, il y a donc plus à faire en direction d’autres communes qui sont récalcitrantes à construire.
C’est pourquoi, madame la ministre, je souhaiterais que vous puissiez entendre l’émotion des populations concernées et de leurs élus, dont je suis, et que vous reveniez sur votre volonté d’opérer une OIN sur ce territoire. Les femmes et les hommes qui habitent la Seine-Saint-Denis ne veulent pas d’une opération immobilière imposée, ils et elles veulent décider de l’avenir de leur territoire.