Intervention de Pierre Lévy

Réunion du 19 mai 2015 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Pierre Lévy :

Les questions de gouvernance ont été évoquées. Elles nous préoccupent effectivement très souvent, par exemple en Ukraine où la réforme de l'organisation territoriale est l'un des points centraux des accords de Minsk. Des projets vont donc être financés dans ce domaine sur fonds européens.

S'agissant du dialogue « 5+5 », il a aussi été évoqué à la réunion de Barcelone. Il faut prendre en compte « les voisins de nos voisins ». On le voit bien avec les enjeux qu'il y a autour de la bande sahélienne ou encore des questions migratoires ; sur ce point, nos partenaires doivent être en mesure de gérer leurs frontières et c'est pourquoi nous leur proposons un instrument de gestion intégré des frontières ; nous travaillons notamment avec le Niger.

La question des étudiants est également fondamentale. Nous veillons, dans le cadre de notre politique d'attractivité, à ce que ceux qui viennent de l'Est obtiennent les visas qu'ils demandent. C'est aussi un enjeu culturel pour contrebalancer la propagande qu'ils peuvent subir.

La question de la cohérence des relations extérieures de l'Union a été posée par M. Dufau. La politique étrangère et de sécurité commune et la politique européenne de voisinage ont été trop déconnectées et nous essayons d'avoir une approche plus intégrée. Notre action doit s'inscrire plus résolument dans une perspective politique. Le débat sur la conditionnalité en est un exemple à propos d'un pays comme l'Égypte : certains Etas membres ont voulu que nous suspendions les aides européennes, compte tenu de ce qui se passe dans ce pays ; la France s'y oppose.

Le partage des enveloppes financières « deux tiersun tiers » est un compromis politique que la France défend fermement. Le combat sur la répartition des financements est permanent et difficile, car il faut également bien voir que les crises que traversent plusieurs pays du voisinage ont des configurations très différentes. Enfin, il faut prendre en compte la capacité d'absorption : ces pays n'ont pas tous la même capacité à dépenser des fonds que l'on met à leur disposition. Les niveaux d'aide par habitant peuvent être aussi très différents.

Mme la présidente a évoqué une forme d'échec de la politique européenne de voisinage. Nous travaillons pour remédier aux défauts de cette politique. Nous avons su passer d'un cadre qui était en quelque sort imposé par l'Union aux pays du voisinage à une forme de cogestion. C'est une évolution souhaitable, mais qui suppose aussi que les pays du Sud prennent leurs responsabilités. À cet égard, je rappelle qu'il existe des problèmes entre eux, par exemple entre l'Algérie et le Maroc.

L'exercice de révision de la stratégie européenne de sécurité a été engagé simultanément : il s'agit de réviser les textes de 2003 et 2008 et Mme Mogherini a été mandatée pour ce faire. Elle a présenté son approche au dernier Conseil des affaires étrangères. La position française consiste d'abord à souhaiter un document lisible, accessible au grand public, comme l'était celui de 2003. Nous voulons aussi éviter une sorte de « livre blanc » qui serait un arbre de Noël où chacun mettrait ce qu'il veut : nous voulons un document construit à partir d'une analyse des enjeux stratégiques et qui soit d'abord – bien que pas exclusivement – sécuritaire. Quant au calendrier, il va sans doute glisser, mais on peut espérer une adoption au premier semestre 2016. Enfin, après cela, l'enjeu sera d'éviter d'avoir un décalage entre un beau texte et une absence d'actions concrètes.

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