Je commencerai par la question qui est la plus gênante, car elle est la plus politique, à savoir celle de la place de la France dans la francophonie. Nos amis canadiens, et moins souvent nos amis belges, trouvent qu'il s'agit d'abord d'un outil au service de la France et qu'ils apportent par ce biais des subventions à la France. Telle en était ma perception lors de mon arrivée à l'AIMF en 1995.
Cela dit, l'OIF est désormais financée à 50 % par la France et le Canada, de sorte qu'un équilibre est trouvé. Il en va différemment à l'AIMF, car le concept français de la coopération décentralisée y domine. Il s'agit d'un fait historique. Ni le Canada, ni la Belgique, ni la Suisse, ni Monaco, ni Andorre n'ont développé de coopération de ce type. En Amérique, les collectivités ne sont pas en capacité de financer des programmes de coopération. Je nourris donc la crainte de voir disparaître cette tradition de coopération décentralisée avec la contribution de la France, qui est la seule à être vraiment active en la matière. Aussi avons-nous besoin du ministère des affaires étrangères et de la Ville de Paris.
Au sein de l'AIMF, le secrétariat permanent veille à l'équilibre entre les différents partenaires. Les deux derniers numéros de notre revue Raisonnance font ainsi une large place à l'Amérique du Nord. Nous avons en effet tenu des réunions à La Fayette et à la Nouvelle Orléans, car nous nous efforçons de faire naître un réseau de villes, des anciens pays cajuns à l'Acadie. Nous développons ce projet avec des subventions qui ne sont pas américaines. Et nous faisons de même avec la Communauté française de Belgique dans la région des Grands Lacs.
Pendant longtemps, notre action s'est concentrée sur le Maroc, sur la Tunisie et sur l'Afrique de l'Ouest. Nous nous exposions ainsi aux reproches de maires d'autres régions, notamment de l'Afrique centrale. Je crois pouvoir dire que l'équilibre est désormais rétabli. C'est à Kinshasa que Mme Anne Hidalgo a présidé sa première assemblée générale de l'AIMF. Tous les membres du gouvernement y étaient présents. Dans la région, nous travaillons à rapprocher la population des trois pays qui bordent les grands lacs. Nous procédons à la plupart des investissements dans cette région grâce à l'Union européenne.
L'équilibre général entre les continents fait aussi une part à l'Extrême-Orient. À Hué, au Vietnam, nous soutenons en ce moment la sauvegarde du patrimoine et le développement. Au sein de l'ASEAN, un réseau se forme entre des villes qui participent de la francophonie par leur histoire et par les liens qui les y attachent.
Quant au statut de l'AIMF, il s'agit tout simplement d'une association loi 1901.
En ce qui concerne notre fonds de trésorerie, il a monté jusqu'à plus de 11 millions d'euros, mais il s'effiloche et s'élève actuellement à 9 millions d'euros. Cela ne tient pas au fait que nous consommerions plus de crédits qu'auparavant, puisque nous restons à une moyenne de 7 ou 8 millions d'euros ; cela est plutôt dû à de moindres rentrées financières. L'état de la trésorerie montre que nous ne bradons pas les subventions reçues. Il s'agit en fait de dettes vis-à-vis de villes où nos projets, déjà votés par le bureau, qui se dénouent peu à peu au fil des années. Enfin, grâce à la gestion prudente de sa trésorerie, l'AIMF n'a au demeurant rien perdu sur ses placements lors de la crise financière de 2008.