Intervention de Pascal Vially

Réunion du 5 décembre 2012 à 9h00
Commission des affaires sociales

Pascal Vially, coordonnateur CFDT :

Pour l'activité vaccins, le plan prévoit 800 suppressions de postes, compensées en théorie par la création de 300 postes nouveaux. Comme dans le reste du groupe, les fonctions support sont touchées. Plus généralement, on observe depuis dix ans dans le domaine du vaccin tout ce qu'on commence seulement à constater sur la recherche en médicaments : les réorganisations successives mènent à l'arrêt de nombreux projets et à des externalisations. Les secteurs les plus touchés sont l'industriel et la production, en raison de la politique désastreuse qui a été menée en matière de recherche.

Dans la partie vaccins, la restructuration prévoit huit arrêts de production, notamment à Marcy l'Étoile, deuxième site le plus touché après Toulouse. Ils concernent les vaccins contre la rougeole, la rubéole, les oreillons, la pneumonie, la méningite, la coqueluche cellulaire et la rage. L'atelier de répartition des seringues est également touché. Ces arrêts de production s'étaleront entre 2013 et 2017, date d'arrêt de la commercialisation.

On nous reproche de n'avoir pas sorti des vaccins de seconde génération, qui devaient améliorer ceux qu'on arrête aujourd'hui. Nous n'y sommes pas parvenus parce que la direction a mis fin, pour des raisons financières, aux projets de recherche. Le Pneumo 23 de deuxième génération nous aurait permis de maintenir notre activité. Pour le vaccin contre les oreillons, le procédé de culture sur cellules aurait dû remplacer celui de culture sur oeufs, mais, là encore, la direction a renoncé au projet. Pour justifier ses décisions, elle invoque le coût de l'investissement dans l'outil de production, notamment pour l'unité de répartition des seringues, pour les vaccins contre la rubéole et la rougeole, et pour Imogam Rage. Capable de dégager des milliards de cash-flow pour les actionnaires, Sanofi ne parvient pas à trouver les quelques centaines de millions d'euros nécessaires pour maintenir l'outil en état et garantir l'avenir de la production !

Nous déplorons également des délocalisations : le vaccin contre la coqueluche cellulaire sera produit en Inde.

L'arrêt des vaccins contre la rubéole et la rougeole serait une catastrophe en termes de santé publique. D'ailleurs, l'Organisation mondiale de la santé (OMS) demande à la direction de maintenir sa production, car la rougeole tue encore chaque année des centaines de milliers de personnes. Sanofi est un cas d'école, qui montre que la financiarisation conduit à la désindustrialisation et à l'abandon de la recherche.

Alors que salariés et organisations syndicales se mobilisent pour l'arrêt du plan, la direction est intraitable. C'est pourquoi nous avons besoin de vous. Il faut s'attaquer à la racine du mal, la finance internationale, et à ses outils, les banques d'affaires. Citigroup et Morgan Stanley conseillent à l'industrie pharmaceutique de dégager plus de profit en économisant sur la recherche et l'industriel. Dans le même temps, elles mettent à genoux les États européens, par le biais de la dette publique, et les multinationales, via les dividendes reversés aux actionnaires. À l'heure où les plans sociaux explosent, nous sommes solidaires de toutes les entreprises confrontées aux mêmes difficultés que Sanofi et de tous les États soumis aux politiques de rigueur.

Seule une loi peut faire reculer la direction. Il faut engager une régulation de la finance, définir les motifs économiques pouvant justifier un plan social, redonner du pouvoir aux instances représentatives du personnel dans le cadre des consultations liées aux plans de restructuration, et rénover la gouvernance des entreprises. Les politiques salariales laissent à désirer, comme la composition des conseils d'administration. Enfin, nous avons demandé plusieurs fois qu'on interdise les suppressions d'emplois abusives. Une loi qui traiterait des seuls licenciements ne suffit pas, car elle ne concernerait pas les multinationales comme Sanofi, qui recourent aux départs dits volontaires. Si l'une des premières entreprises du CAC 40 peut se permettre de détruire de l'emploi dans le contexte actuel, qui en créera demain ? Qui assurera l'avenir de la recherche, de l'innovation, de notre industrie et de nos enfants ?

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