Intervention de Raphaël Chenuil-Hazan

Réunion du 2 juin 2015 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Raphaël Chenuil-Hazan, directeur général d'Ensemble contre la peine de mort :

Certes. Il a fallu mettre beaucoup de pression, mais cela était très important. D'autant qu'en défendant Serge Atlaoui, on aide les autres condamnés à mort en Indonésie, qui commence à se poser la question de l'utilité de cet outil politique. Il faut faire passer officiellement les pays en moratoire dans le camp des abolitionnistes.

De l'autre côté, il y a les pays les plus difficiles – principalement des dictatures –, comme la Chine, l'Arabie saoudite. Les Chinois disent la même chose que les Saoudiens – c'est dans leur culture et il est difficile de changer –, même s'ils ont une approche très différente. Lorsqu'on discute avec les élites chinoises, les hommes politiques ou les grands professeurs de droit, elles se disent abolitionnistes, et même totalement contre la perpétuité réelle, mais elles ajoutent que leur peuple n'est pas prêt, qu'il faut aller doucement – elles parlent d'un horizon de cent, cent cinquante ans. Il ne faut pas oublier que la Chine a aboli la peine de mort au VIIe siècle : notre travail consiste donc à lutter contre ce va-et-vient.

Il y a donc, d'un côté, ces pays sur lesquels on peut travailler et, de l'autre, les pays sur lesquels on ne peut pas travailler. Très clairement, je n'essaie même pas de travailler sur l'Arabie saoudite : nous n'avons pas d'acteur sur le terrain, le pays est extrêmement fermé. Je n'essaie même pas de travailler sur la Corée du Nord, car je perdrais du temps et de l'énergie. Pour les autres pays, un groupe important, nous avançons petit à petit, ce sont des petites victoires, avec parfois des reculs, comme pour le Pakistan et l'Égypte. J'ajoute que les Etats qui pratiquent la peine de mort sont de plus en plus isolés, et cet élément contribuera à faire reculer cette punition dans le monde – 58 pays aujourd'hui, 50 demain, 30 après-demain... Certes, le Texas ne va certainement pas abolir la peine de mort, mais lorsqu'il sera le dernier des États américains à ne pas l'avoir fait, il se sentira peut-être stupide, même si l'abolition aux États-Unis viendra probablement de la Cour suprême.

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