Intervention de Rémi Barthès

Réunion du 5 décembre 2012 à 9h00
Commission des affaires sociales

Rémi Barthès, coordonnateur CFE-CGC :

Le plan de réorganisation de 2009 de Sanofi a entraîné la suppression de 1 200 postes dans la recherche. Le plan actuel, imposé par la direction, entraînera la suppression de 900 à 1 000 postes qui seront compensés non en France, mais partiellement à l'étranger. En effet, le pouvoir décisionnel pour l'oncologie est basé à Boston, et des centres de recherche sont créés en Inde et en Chine. Il s'agira ni plus ni moins d'une délocalisation masquée de la recherche.

Le site de Montpellier est dimensionné pour accueillir 1 800 à 2 000 salariés, mais en comprend un peu moins de 1 100 depuis le premier plan de 2009. Selon les chiffres validés par la direction au dernier comité central d'entreprise, ce nombre passera à 800 en raison de la suppression de 252 postes. Il s'agit du seul site en France où toutes les activités de la recherche sont menées jusqu'à la mise sur le marché du médicament. Si la recherche s'arrête à Montpellier, la pérennité du site sera remise en cause, nous en sommes convaincus.

La diminution drastique des activités dans le domaine de la chimie à Montpellier a eu pour conséquence de « mettre sous cloche » un investissement de 120 millions d'euros. L'ancienne direction générale avait lancé la construction d'un pilote chimie. Malheureusement, cet outil moderne et performant, mis au point il y a tout juste un an, est aujourd'hui inadapté car la nouvelle direction générale a réorienté les sites de chimie vers les biotechnologies. Or la chimie est un domaine qui a beaucoup d'avenir. L'industrie mondiale commet une erreur stratégique en s'orientant tête baissée vers les biotechnologies, même si elles ont connu un formidable essor au cours des dernières décennies : Elf Sanofi a même créé Elf Bio Recherches à Labège, mais tous les partenaires se sont désengagés de ce centre biotechnologique au bout de dix ans. Aujourd'hui, Roche est la seule firme pharmaceutique mondiale qui continue à miser sur la chimie. Sur le site de Montpellier, un laboratoire au sein de l'unité exploratoire travaille sur la chimie des petites molécules : cette activité, qui a pourtant beaucoup d'avenir, va s'arrêter. Ainsi, le désengagement de la recherche en France est patent.

Trois référés sont en cours, pour la recherche, Pasteur et Merial. Les juges nous ont déboutés en première instance. Nous avons fait appel pour le volet recherche, et le jugement sera rendu le 28 janvier. En réalité, les juges se sont laissés berner par l'argumentation des avocats de la direction à propos des départs volontaires. De même, l'Élysée et le ministère du redressement productif sont en train d'être bernés par la direction de Sanofi. En effet, le volontariat a ses limites. Les mesures d'âge ne pourront pas empêcher les suppressions de postes dans la recherche, la division vaccins et les fonctions support. Pour Montpellier, où 252 postes seront supprimés, on sera arrivé au bout du bout si l'on parvient péniblement à une centaine de mesures d'âge. Ainsi, 150 personnes se retrouveront dans une situation de quasi-licenciement, mais la direction affirmera ne pas avoir eu recours à des licenciements, à l'instar de ce qu'elle a fait pour les visiteurs médicaux.

Il faut savoir que les salariés du groupe dont le poste est supprimé se voient proposer par la direction de partir de façon volontaire en signant une convention de rupture – régie par le code civil, et non le code du travail – et de recevoir une indemnité sous la forme d'une aide à la formation bien supérieure à une prime de licenciement. Sachez que toutes les sociétés ont recours à ce mode de départ. Cette formule permet de supprimer des milliers de postes et à la direction d'affirmer – elle le dit déjà – son engagement à ne pas licencier. Mesdames, messieurs les députés, où est le volontariat lorsque le salarié n'a pas d'autre choix que de signer cette convention ?

En conclusion, il est faux de dire que l'intervention du ministère du redressement productif a permis de faire passer le nombre de suppressions de poste de 2 500 à 914. C'est la présentation des chiffres qui a changé et, in fine, les postes sont bien supprimés. Vous devez le savoir. Ne vous laissez pas berner à votre tour par les propos des représentants de la direction générale que vous auditionnerez cet après-midi.

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