Intervention de Thierry Bodin

Réunion du 5 décembre 2012 à 9h00
Commission des affaires sociales

Thierry Bodin, coordonnateur CGT :

Depuis le mois de juillet, nous demandons l'organisation d'une réunion tripartite, ce que la direction de Sanofi refuse. Vous pourrez demander aux représentants de la direction que vous allez auditionner cet après-midi le motif de ce refus. Nous souhaiterions de surcroît que l'État soit davantage porteur de cette exigence au regard des enjeux en termes de santé publique.

En 2005, des articles dithyrambiques sont parus dans la presse à propos de la recherche de Sanofi, qui avait permis de grandes avancées et d'importants profits. Je pense au Plavix, au Lovenox, ainsi qu'au Taxotère développé grâce à une collaboration avec la recherche publique dans une logique de développement réciproque et de coopération entre chaque entité. À cette époque, tout était merveilleux. Une pilule prétendument miracle présentée par les dirigeants aux actionnaires fut cependant retirée pour cause d'effets secondaires indésirables.

Cette même année, les organisations syndicales avaient interpellé Sanofi à son plus haut niveau, à savoir M. Jean-François Dehecq, sur la nécessité d'investir dans les biotechnologies – sans oublier pour autant la chimie, qui reste fondamentale en permettant des avancées majeures en termes de santé publique –, car l'utilisation des anticorps monoclonaux commençait à être envisagée pour le traitement de certaines pathologies. Il a fallu attendre 2007 pour que la direction accepte finalement le principe de cette proposition.

Lorsque les projets de recherche sont abandonnés, les équipes dispersées, lorsque le départ de 1 300 personnes n'est pas compensé par des embauches – seuls deux post-doctorants en recherche et dix personnes ont été recrutés en 2011 par Sanofi en France –, lorsque les salariés sont inquiets sur leur avenir dans le groupe, comment peut-on parler de stimulation interne ?

Nous avons demandé à la direction de nous présenter le bilan de son projet Transforming de 2009, ce qu'elle a refusé de faire. Nous vous invitons donc à demander à M. Lajoux, cet après-midi, les raisons de son refus de présenter le bilan du précédent plan de restructuration de Sanofi, en particulier en ce qui concerne l'amélioration de la productivité de la recherche.

En réalité, Sanofi est totalement discréditée. Elle abandonne des projets, pour les reprendre plus tard. La division des anti-infectieux était basée à Paris, elle a été arrêtée pour des raisons financières, puis transférée à Toulouse, où elle sera stoppée pour être transférée à Lyon ! D'ailleurs, au travers du transfert à l'IRT de Lyon, Sanofi espère obtenir des fonds publics ! Le groupe s'est fixé comme objectif de supprimer plusieurs postes à Toulouse pour fragiliser davantage le site et pouvoir ainsi le scinder, le vendre… Où est l'efficacité de la recherche dans ces conditions ?

Aux 2 milliards d'euros d'économies que vise Sanofi d'ici à 2015, vient donc s'ajouter ce plan de restructuration. En effet, en raison d'études cliniques coûteuses, la direction générale – qui a promis aux actionnaires d'améliorer la rentabilité de l'entreprise – a décidé d'engager un plan d'économies en mettant fin à la recherche à Montpellier, en faisant disparaître le site de Toulouse et en fragilisant les autres sites.

Nous sommes prêts à discuter, dans le cadre de la réunion tripartite que nous réclamons, des moyens permettant de promouvoir une recherche et des collaborations plus efficaces. Mais la direction, lors du comité centrale d'entreprise consacré à la recherche, a déclaré de façon très claire que son projet actuel ne subirait aucune modification.

Nous sommes déboutés de nos actions en justice parce que l'avocat de la direction avance l'argument des départs volontaires et l'engagement de la direction « pour zéro licenciement », alors que tout démontre qu'il s'agit bien d'un plan de suppressions d'emplois visant à augmenter la rentabilité financière de l'entreprise, ce qui est illégal ! Nous n'allons pas attendre que nos collègues soient licenciés pour agir ! Il faut une évolution législative sur cette question. Si nous ne l'obtenons pas, le plan de restructuration ira à son terme !

Sanofi vient de passer un important accord de sous-traitance de dix ans pour 2 milliards de dollars avec Covance, une entreprise américaine de recherche. Alors pourquoi est-il impossible d'obtenir ne serait-ce qu'un engagement de cinq ans de maintien des sites et des emplois de Sanofi en France ? Posez cette question à M. Lajoux tout à l'heure.

Sans l'intervention des pouvoirs publics, sans votre aide, le dialogue avec la direction restera bloqué et 28 000 salariés se mettront en grève. Et nous serons tous responsables autour de cette table !

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