Intervention de Pascal Vially

Réunion du 5 décembre 2012 à 9h00
Commission des affaires sociales

Pascal Vially, coordonnateur CFDT :

Nul ne conteste à la direction le droit de restructurer l'entreprise, surtout pour améliorer son efficacité. Il serait suicidaire de s'opposer à tout changement. Ce que nous contestons, c'est le postulat selon lequel il faudrait réduire les coûts et supprimer des emplois dans le seul but d'augmenter les dividendes versés aux actionnaires.

Nous avons toujours été ouverts à la discussion, comme le montrent les nombreux accords auxquels nous sommes parvenus, mais le dialogue social sur la restructuration ne pourra reprendre que lorsque la direction aura suspendu la procédure en cours – on ne négocie pas avec une épée de Damoclès au-dessus de sa tête – et qu'elle se sera engagée à modifier son plan, sur la base d'une réflexion commune pour améliorer l'efficacité de la recherche. La direction et les organisations syndicales partagent le même but, mais ces dernières veulent l'atteindre sans supprimer d'emplois ni augmenter de manière indécente la rentabilité de l'entreprise.

Nous avons retourné le problème en tous sens : la seule solution est de légiférer. À l'heure actuelle, un seul plan social a été jugé non fondé économiquement et, lorsqu'il a été reconnu comme tel, il était trop tard, puisque le personnel avait déjà été licencié. Globalement, on manque de recul pour évaluer certaines procédures. Les plans de départ volontaire – ou prétendu tel – sont apparus récemment et ne favorisent pas les salariés, ce qui nourrit en ce moment un contentieux. C'est d'autant plus regrettable que les grands groupes auraient les moyens de payer leur restructuration.

Je vous confirme l'arrêt de la production de plusieurs vaccins. Dans la plupart des cas, il s'agit d'un arrêt total. Actuellement, seuls deux acteurs sont capables de produire, en respectant des critères de qualité et de quantité, des vaccins contre la rougeole : Sanofi Pasteur et Serum Institute of India. Si l'un d'eux disparaît, l'autre ne pourra pas répondre à la demande mondiale, ce qui posera un grave problème de santé publique.

Sanofi continuera de produire le vaccin contre la coqueluche cellulaire, mais en Inde, dans le cadre d'une délocalisation, et Imogam Rage sera sous-traité, au motif que ce produit ne rapporte plus assez.

En matière de compétitivité, la première erreur consiste à isoler le prix de revient en faisant abstraction du reste. L'innovation et le lancement de nouveaux produits participent aussi à la compétitivité, que l'on met en danger en cassant la recherche. Une seconde difficulté tient au mode de calcul des coûts. La direction annonce que, chez Sanofi Pasteur, le prix de revient industriel des vaccins a augmenté de 27 % en quatre ans, mais, selon l'expert mandaté par le comité central d'entreprise, le mode de calcul a changé pendant la période et, à méthode constante, l'augmentation tombe à 20 %. Sur ces 20 %, 18 s'expliquent par la hausse des effectifs, qui a également permis d'augmenter le chiffre d'affaires en France. Plus fiable est le ratio entre l'évolution du coût de revient d'un produit et le chiffre d'affaires qu'il génère, autrement dit le rapport entre ce que coûte un produit et ce qu'il rapporte. Or ce ratio n'a augmenté que de 3,6 % en quatre ans. Enfin, pour les mêmes produits, l'évolution du prix de revient industriel pour Sanofi Pasteur est de 18 % dans le reste du monde contre 20 % en France, ce qui ne représente pas un écart considérable. La direction oriente la communication. D'où la nécessité de faire appel à un expert économique.

En interne, la direction justifie également son plan en invoquant la falaise des brevets, mais, quand elle s'adresse aux investisseurs et aux actionnaires, elle explique que cette falaise est derrière nous. Notre expert économique le confirme : après 2013, seuls 6 % de nos produits seront exposés à la générification.

Il est exact que vaccins et santé animale sont des domaines voisins, ce qui suppose que les équipes soient très proches, mais elles l'étaient déjà : quinze kilomètres séparent Lyon de Marcy l'Étoile. Le travail sur les anti-infectieux, qui était basé à Toulouse, est bien différent. Peut-être pourra-t-on créer des synergies dans le cadre de partenariats public-privé ou améliorer la communication entre les équipes de recherche. Mais quand on rapproche ainsi des unités, on en éloigne d'autres. Au final, ces mutations ne rendent la communication ni meilleure ni pire. Disons qu'elles la modifient, mais, chaque fois, on perd des postes et la motivation diminue, car les salariés n'apprécient pas d'être déplacés tous les deux ans.

En ce qui concerne le crédit d'impôt recherche, l'entreprise doit fournir des garanties. Si l'État apporte de l'argent, il doit pouvoir vérifier qu'on crée des emplois dans la recherche et que les entreprises travaillent sur des questions de santé publique. En échange du crédit d'impôt recherche, Sanofi devrait accélérer la recherche ou procéder à des investissements pour trouver un vaccin contre le sida. Une telle politique aurait plus d'allure qu'une alliance avec Coca-Cola, qui n'aura pas d'autre effet sanitaire que d'augmenter le nombre de diabétiques.

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