Intervention de Jean-Paul Bacquet

Réunion du 24 mars 2015 à 17h00
Commission des affaires étrangères

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaJean-Paul Bacquet :

Je me suis rendu récemment au Mali, où j'ai constaté que l'aide apportée par la France prend la forme d'une aide liée, non d'une aide déliée. C'est tellement rare que cela mérite d'être souligné. Je tiens à vous en féliciter.

Le montant annuel de dons que peut consentir l'AFD, à savoir 200 millions d'euros, remonte à la fin de la dernière législature, lorsque l'actuel sénateur de l'Yonne Henri de Raincourt était le ministre en charge de la coopération. À l'époque, il fut convenu, sur les instances des parlementaires, que l'AFD percevrait 400 millions d'euros par an en charges d'intérêt, dont elle recevrait la moitié au budget, tandis que l'autre moitié passerait en dons. Depuis cette année-là, les lignes budgétaires n'ont pas bougé ; les débats agités sur le projet de loi de programmation n'ont finalement donné aucun résultat sur ce point.

Quant à notre aide bilatérale, je crois que des efforts restent à faire en matière d'affichage, parce que ce sont les seuls endroits où l'on peut voir ce que fait la France. En réalité, son rôle n'est souvent rappelé que par une communication qui relève du post-it ou du pin's, ou disons de l'épinglette : personne ne sait qu'elle agit ; elle n'est vue nulle part. Lorsque le financement multilatéral est organisé sous égide européenne, le drapeau européen est du moins présent, mais c'est tout. Comme j'ai coutume de le dire : avec le bilatéral, on sait ce qu'on fait ; avec le multilatéral, on sait ce qu'on paye. Il serait pourtant intéressant de savoir qui fait quoi.

Je m'interroge enfin sur les relations entre les ambassades et l'AFD. J'étais récemment au Tchad, où l'ambassadrice ne semblait guère motivée ni pour la diplomatie économique, ni pour l'aide au développement. Elle n'a pu nous répondre lorsque nous l'avons interrogée à ce sujet. Au Niger, la situation était quasiment la même. Je n'ai pas manqué de rapporter la situation à Laurent Fabius. Notre ambassadeur au Mali est au contraire d'une rare efficacité, tant pour la lisibilité de notre aide au développement que pour ses efforts de diplomatie économique. Quelle est votre perception ? L'AFD trouve-t-elle toujours bon accueil dans le réseau diplomatique et peut-elle travailler en complémentarité avec lui ?

À propos du virus Ebola, je me souviens d'un débat où il était envisagé de transférer une partie des crédits du fonds Sida, qui en est bien pourvu, vers la lutte contre Ebola. Je n'ai pourtant rien vu de tel arriver. Faut-il rappeler que le virus Ebola a été découvert en Guinée forestière dès les années 1970 ? La maladie ne nous préoccupe que lorsqu'elle nous touche. Je me garderais d'ailleurs de dire que l'épidémie est terminée, car une résurgence nous guette certainement. Il faut agir au fond, indépendamment des crises, et je déplore à cet égard que rien ne se soit produit pour lutter contre la maladie entre les années 1970 et il y a deux ans.

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