Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 16 juin 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Politique migratoire

Manuel Valls, Premier ministre :

Monsieur Goujon, comme M. Guibal tout à l’heure, vous posez une question sur un sujet particulièrement difficile et complexe. Annick Girardin a déjà donné un certain nombre d’éléments, mais il est vrai que l’afflux des migrants pose à l’Europe et à Schengen des questions sans précédent. Ces questions sont en train d’être traitées dans le cadre d’un conseil JAI – Justice et affaires intérieures –, en présence, bien sûr, de Bernard Cazeneuve – c’est la raison pour laquelle il n’est pas là. Mais cela pose pour l’Europe et pour les États membres de Schengen des questions sur leur capacité à faire face, en créant des mécanismes de solidarité et en assurant un contrôle des flux à l’arrivée.

La France est d’abord un pays de transit. Une part majoritaire des migrants ne cherche pas à s’y installer. Néanmoins, il y a – qui peut l’ignorer ? – des points de fixation sur lesquels il faut intervenir : c’est vrai du côté de Menton, c’est vrai à Calais, où nous menons une action particulièrement vigoureuse, et c’est le cas à Paris. Le Gouvernement annoncera ce mercredi, par la voix de Bernard Cazeneuve, des mesures permettant d’éviter que ne se forment des campements précaires qui sont indignes de notre pays et qui posent des problèmes sanitaires et de sécurité.

Faut-il mettre en place des centres d’accueil pour migrants ? Essayons de traiter ces sujets sans polémique : non, car les règles actuelles sont claires. Les personnes qui ont besoin d’une protection ont accès à des solutions d’hébergement : centres d’accueil de demandeurs d’asile, hébergements d’urgence. Les capacités doivent être adaptées aux besoins : ce sera au coeur du plan gouvernemental qui sera présenté demain. Mais cela doit se faire dans le cadre existant.

La réforme de l’asile, que vous allez discuter et qui est portée ici par Mme Sandrine Mazetier, a précisément pour objectif de rendre l’accès à l’hébergement plus fluide et mieux réparti sur le territoire. Les autres migrants, ceux qui ne sont pas réfugiés, ceux qui ne répondent pas aux critères fixés par ce droit fondamental qu’est le droit d’asile, n’ont pas vocation à rester en France. Ils doivent donc être reconduits à la frontière.

Des progrès peuvent être faits sur les aides au retour. Des efforts sont possibles, bien sûr – nous l’avons déjà fait pour le Sud ou à Calais –, pour utiliser au mieux les dispositifs existants et mieux faire travailler les services ensemble.

Enfin – Mme Annick Girardin l’a rappelé avec beaucoup de force et Laurent Fabius le souligne régulièrement –, il faut une politique en direction des pays d’Afrique, dont ces migrants économiques, de plus en plus nombreux, sont originaires. Cette politique, portée notamment par l’Union européenne, doit être beaucoup plus ambitieuse et prendre en compte le problème de l’émigration, qui est aussi un problème de développement.

Bref, sur toutes ces questions, la bonne réponse est à la fois de prévoir des dispositifs efficaces d’accueil et d’hébergement des demandeurs d’asile et une politique de très grande fermeté contre l’immigration irrégulière. L’évacuation des campements se poursuivra, dans le respect des droits des migrants, avec des solutions d’hébergement, mais sans céder à la menace d’un certain nombre de personnes, qui jouent un rôle particulièrement dangereux et qui mettent en danger les migrants eux-mêmes.

Les discussions au niveau européen doivent à présent aboutir. Il y va de l’avenir même de l’espace Schengen et de notre capacité à gérer correctement, humainement, ces crises. Fermeté et humanité, responsabilité et justice, voilà la politique du Gouvernement.

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