Intervention de Sandrine Doucet

Séance en hémicycle du 16 juin 2015 à 15h00
Transformation de l'université des antilles et de la guyane en université des antilles — Discussion générale

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaSandrine Doucet :

Monsieur le président, madame la ministre, monsieur le secrétaire d’État, monsieur le président de la commission, monsieur le rapporteur, chers collègues, notre travail législatif de ces dernières semaines vise à mettre fin à une succession de crises. Il vise également, en la dotant de statuts qui s’inscrivent dans le cadre de la loi pour l’enseignement supérieur et la recherche, dite loi ESR, de juillet 2013, et en tenant compte des enjeux locaux et des particularités soulignés par différents acteurs, à organiser la gouvernance de la nouvelle université des Antilles.

Mais le Sénat et l’Assemblée ont échoué à s’entendre sur une innovation, introduite par le Sénat, tendant à lier l’élection du président de l’université et des vice-présidents de pôle universitaire régional sous la forme d’un ticket de candidats préalablement formés et soumis au seul vote du conseil d’administration.

Aujourd’hui notre débat et notre vote tendent à rechercher un équilibre en confortant l’unité de la nouvelle université et en rapprochant autant que cela est possible son fonctionnement du droit commun des universités, tout en préservant l’indispensable autonomie des pôles. C’est dans cette logique que l’Assemblée a rejeté le ticket prévu pour la nomination des présidents, qui suscitait tant de tensions. Il convient de ne pas revenir sur l’équilibre atteint à l’Assemblée en première lecture et d’adopter ce texte en nouvelle lecture afin de répondre au mieux à la volonté de constitution d’un pôle universitaire renforcé, conformément à la loi ESR.

On pourrait regretter que cette constitution n’ait pu, dans sa logique la plus aboutie, englober le pôle guyanais, mais les événements de novembre 2013 ont fait suite à tant de problèmes non résolus, pendant de si nombreuses années, qu’il a fallu les régler par cette séparation, dans les limites de la loi ESR qui permet d’éviter la division complète des sites universitaires.

Le projet de loi déposé au Sénat en décembre 2014 vise principalement à organiser la gouvernance de la nouvelle université des Antilles et lui offre, enfin, la possibilité d’assurer son rôle de plein exercice afin de répondre aux objectifs politiques dictés par le Président de la République et repris par vous-même, madame la ministre : la jeunesse, l’éducation, l’égalité et l’équité.

Je me permets de rappeler les objectifs exprimés dans la loi ESR de 2013 : démocratisation de l’enseignement supérieur et lutte contre l’échec en premier cycle universitaire. Il s’agit, vous l’avez dit, madame la ministre, d’atteindre un taux de 50 % d’une classe d’âge diplômés de l’enseignement supérieur, projet auquel les territoires ultramarins doivent évidemment participer.

Ce message d’unité et d’équité, et en faveur de la jeunesse, le Président de la République nous l’a rappelé il y a un mois aux Antilles. « Vous avez voulu l’université des Antilles, mais la compétition n’a pas lieu d’être. Vous avez le devoir de faire vivre dans l’unité l’université des Antilles », a-t-il déclaré, précisant que 750 000 euros seront apportés à cette université.

La politique de proximité, si nécessaire pour les jeunes Antillais, est confortée par la création de deux IUT et d’une nouvelle école régionale de la deuxième chance.

Un rapport pour avis que j’ai produit pour le projet de budget pour 2015 et portant sur les filières courtes fait apparaître que les IUT sont le choix privilégié de nombreux étudiants car ils offrent de meilleures opportunités d’insertion dans le monde professionnel à ceux qui ne poursuivent pas d’études. D’ailleurs, 88 % des diplômés de 2010, trente mois après l’obtention de leur diplôme, avaient un emploi.

Les IUT se caractérisent en outre par leur forte capacité d’innovation pédagogique, constitutive de leur identité d’école professionnalisante. Il appartient à chaque institut de définir des modalités d’adaptation de la formation à son environnement, dans la limite de 20 % du volume horaire. Cette liberté, largement exploitée, a été plébiscitée par le monde de l’entreprise.

La création de ces deux IUT dans une université consolidée est une heureuse opportunité pour une jeunesse antillaise largement exposée aux difficultés. Car si les diplômés du supérieur représentent 42 % des métropolitains de 25 à 34 ans, ils ne sont que 27 % en Martinique et 22 % en Guadeloupe. Ces performances décevantes sont notamment liées à des taux très élevés d’échec en licence – en 2010, 68 % en première année, contre 47 % en métropole.

Les débats que nous avons eus nous ont permis de comprendre l’importance de la question régionale dans la gestion des pôles universitaires. La loi ESR de 2013 apporte des réponses à cela à travers son article 19, qui dispose : « La région coordonne, sous réserve des missions de l’État et dans le cadre de la stratégie nationale de recherche, les initiatives territoriales visant à développer et diffuser la culture scientifique, technique et industrielle, notamment auprès des jeunes publics, et participe à leur financement. »

Les Antilles doivent donc relever un double défi : répondre aux attentes de la jeunesse et confirmer ces entités territoriales dans leur rôle de façade scientifique dans le monde américain.

Mais les Antilles disposent aussi d’éléments de rayonnement scientifique comme l’Institut Pasteur de Guadeloupe ou le Pôle de recherche agro-environnementale de la Martinique. Et la recherche sur le cancer aura désormais un pôle dans chacune des îles, toujours dans un souci d’équilibre et de recherche de l’excellence.

Toutes ces mesures, et d’autres encore, illustrent la volonté d’équité qui anime les décisions politiques. C’est pourquoi nous devons être conscients des enjeux et accomplir à notre tour notre devoir d’unité en adoptant ce projet de loi.

Mais attention : si, en adoptant ce projet de loi, nous arrivons à la fin d’un processus d’organisation, ce n’est là que le début de la nouvelle vie de l’université des Antilles. Et loin de nous le dessein de nous exonérer de porter attention à l’avenir de l’université des Antilles et, bien entendu, de sa jeunesse.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion