La francophonie représente pour nous un triple atout : démographique, politique – à la fois pour les États dont le français est la langue officielle et pour les quatre-vingts États et gouvernements membres ou observateurs de l'OIF – et économique. Nous avons tous à l'esprit les conclusions du rapport Attali : la francophonie n'est donc pas seulement une politique mais un véritable enjeu et une priorité de notre ministère. Il est essentiel, pour que le chiffre de 770 millions de francophones à l'horizon 2050 ne reste pas une promesse, que nous apportions une réponse à la fois quantitative et qualitative à ce défi, en coordonnant nos politiques bilatérale et multilatérale. Mme Annick Girardin, Secrétaire d'État chargée du développement et de la francophonie, a rappelé, à plusieurs reprises, les trois orientations politiques qu'elle avait énoncées en conseil des ministres le 19 mars dernier. Il s'agit, dans un premier temps, de développer les actions en faveur du rayonnement culturel et de l'apprentissage de la langue française en s'appuyant sur les instituts français, les alliances françaises, les médias internationaux francophones – France Médias Monde, TV5 Monde –, ainsi que sur notre réseau d'établissements français à l'étranger (subventionné par l'Etat à hauteur de 420 millions d'euros par an). Il convient ensuite de concrétiser, en lien avec l'OIF, le potentiel que représentent les 80 pays de l'espace économique francophone et de développer l'attractivité de la France pour les talents économiques francophones. Enfin, nous devons répondre au défi du numérique et plus particulièrement proposer une offre universitaire numérique en français.
Notre politique revêt une dimension bilatérale : nous coopérons avec les autorités locales pour développer le français dans leur système éducatif et nous intervenons de façon plus directe à travers notre réseau – notre réseau culturel, les alliances françaises et nos écoles. Notre politique a également une dimension multilatérale par le biais de l'OIF et de ses principaux opérateurs, dont TV5 Monde et l'Agence universitaire de la francophonie (AUF) avec lesquels nous travaillons plus particulièrement. L'articulation de nos actions reste notre préoccupation constante.
À cette fin, le ministère des Affaires étrangères mobilise deux directions pilotes aux compétences différentes et totalement complémentaires : la direction des Nations unies et des organisations internationales (NUOIFR), au sein de laquelle se trouve la Délégation aux affaires francophones (DAF), et la direction de la Coopération culturelle, universitaire et de la recherche (DCUR). Nous travaillons également avec l'ensemble des directions géographiques ou encore avec la direction de la Coopération de sécurité et de défense chargée notamment de former les militaires dans les pays francophones.
S'agissant de la représentation de la France au sein des organismes multilatéraux de la francophonie, les compétences des deux directions sont complémentaires : la DAF a une approche stratégique alors que la DCUR a une approche programmatique. La DCUR travaille en bonne intelligence avec l'OIF pour impulser des projets, puis s'assurer qu'ils restent en cohérence avec nos actions ou les complètent. Alors que la DCUR intervient sur les projets et sur le terrain, la DAF est compétente pour les questions multilatérales et est, par exemple chargée, en lien avec l'Elysée, du renouvellement de la gouvernance de l'OIF. La DCUR a travaillé étroitement avec l'OIF lors du lancement de son programme sur le français dans la diplomatie et la fonction publique ou lors d'organisation d'événements internationaux, comme c'est le cas pour pour le Forum de la langue française dont la prochaine édition se tiendra à Liège en juillet prochain. Les deux approches sont donc très complémentaires et les deux directions travaillent très étroitement l'une avec l'autre au quotidien.
En ce qui concerne l'OIF et ses opérateurs, la secrétaire d'État chargée du développement et de la francophonie a demandé une évaluation – qui n'est pas un audit – et qui diffère du rapport, très complet, de la Cour des comptes relatif aux années 2006-2013. L'évaluation en question s'approche davantage de ce que nous avons réalisé il y a quelques années à propos de la contribution au Fonds européen de développement (FED). Il s'agit d'analyser, de façon stratégique, l'emploi qui est fait de la contribution française, de son retour sur investissement, si je puis m'exprimer ainsi, et de son impact sur les opérateurs français – une démarche que nous avons vis-à-vis de l'ensemble de nos opérateurs extérieurs et multilatéraux, du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) ou des autres fonds des Nations unies. Les termes de référence de cette évaluation sont en cours de définition et les conclusions seront disponibles sans doute début 2016 – le budget lui étant consacré ne devant pas dépasser 130 000 euros.
Cela étant, si la contribution française à l'OIF est importante, elle représente moins d'un cinquième de notre effort global en faveur de la francophonie.