Nous nous posons régulièrement cette question. La réponse réside dans la définition de priorités et de choix. Tout évolue très vite, nous ne pouvons plus continuer à tout faire et à fonctionner comme il y a dix ou vingt ans. Le numérique en est un parfait exemple et il ne me semble pas que nous ayons encore pris toute la mesure de son importance. Il faudra cesser de travailler selon certaines méthodes et d'assurer certaines tâches.
Les opérateurs ne sont pas tous dans la même situation. TV5 Monde a plutôt bien réagi à la contrainte. Cet opérateur a prouvé qu'il pouvait bien s'organiser et rationaliser ses actions, comme l'a montré le lancement de la chaîne thématique TV5 Monde Style HD, dédiée à « l'art de vivre à la française », chaîne financée par redéploiement. TV5 Monde a pour cela mis un terme à d'autres programmes.
Pour l'AUF et l'OIF, le temps de l'adaptation à la contrainte est plus long. L'organisation et le fonctionnement de ces opérateurs sont encore un peu en décalage avec ce qu'est censé imposer la contrainte budgétaire ; mais cela s'explique et certaines décisions ne sont pas faciles à prendre. Changer l'organisation et l'allocation des ressources humaines et financières implique qu'on pense et qu'on agisse autrement, ce qui est culturellement peu évident.
L'OIF manque plus précisément de projets fédérateurs et transversaux, qui faciliteraient les évolutions. Son fonctionnement reste très « normé » ; elle devrait avoir une approche plus novatrice dans ses nouveaux projets. Chaque département pense en effet « sa » politique et réfléchit encore beaucoup en silo. Le ministère a un rôle à jouer car il fonctionnait ainsi auparavant, chaque département disposant de son budget. Or, une organisation intégrée est très exigeante intellectuellement, très exigeante pour les équipes qui doivent adopter de nouvelles méthodes de travail et de formation. Nous nous y attelons à marche forcée et de façon croissante. Nous avons amené nos propres opérateurs à travailler en synergie dans une approche intégrée autour de priorités inédites. Aussi pouvons-nous aider l'OIF à développer une telle approche de coordination entre ses départements, même s'il n'est pas évident pour nous de toucher à l'organisation d'une institution internationale. Il existe encore des marges de manoeuvre en termes d'organisation, d'approche et de projets fédérateurs. Les opérateurs de l'OIF paraissent, pour leur part, beaucoup plus réactifs à ce type de changement.