Intervention de Laurence Abeille

Réunion du 16 juin 2015 à 17h00
Commission du développement durable et de l'aménagement du territoire

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaLaurence Abeille, écologiste :

Merci, madame la commissaire générale, d'être parmi nous aujourd'hui.

Je voudrais dire en premier lieu que je ne crois vraiment pas que c'est le numérique qui va apporter le bien-être et le bien-vivre aux populations, comme on a trop souvent tendance à le dire aujourd'hui. (Murmures divers) Il y a d'autres facteurs de bien-être et de bien-vivre.

Nous avons discuté à plusieurs reprises de l'égalité ou de l'inégalité des territoires. En particulier, nous avions auditionné Éloi Laurent, auteur d'un rapport sur le sujet, et qui avait pointé la pluralité des inégalités, aussi bien économiques qu'environnementales, sanitaires, ou numériques. J'aimerais savoir sur quels indicateurs le commissariat général se base pour intervenir, et si vous avez repris les préconisations d'Éloi Laurent dans vos méthodes de travail.

Le quatrième rapport triennal de l'Observatoire des territoires, qui a été remis récemment sur la qualité de la vie, a montré que le bien-être subjectif des habitants des régions les moins peuplées est supérieur à celui des habitants des grandes métropoles. Les deux principaux critères pris en compte sont : le logement et la sécurité de l'emploi. Les régions les mieux pourvues en infrastructures comme l'Île-de-France ne sont donc pas les régions où le bien être est le plus fort. On peut regretter que ce type de rapport ne tienne pas compte des critères environnementaux. Néanmoins, j'aimerais savoir comment le CGET utilise ce type d'informations pour cibler ses interventions sur les territoires.

Ensuite, je m'interroge toujours sur l'échelle pertinente pour agir sur les inégalités territoriales. Laquelle vous semble la plus intéressante ? La région, peut-être ? Il y a plusieurs échelles et cela dépend des besoins.

Mais revenons sur le numérique, dont le développement figure parmi les missions listées dans le décret qui crée le commissariat. On est en effet pris dans une course perpétuelle pour être le plus rapide, et l'on déploie, à coups de matraquage publicitaire, la 4G, bientôt la 5G alors même que de nombreux territoires ne sont couverts qu'en 2G et par un seul opérateur, voire pas du tout couverts. Il en est de même du réseau filaire : certains ont la fibre, d'autres des WMAX instables, avec un débit très fluctuant. J'aimerais que vous nous donniez les grandes lignes de votre action en la matière.

La tendance actuelle est au renforcement des métropoles. On concentre les activités dans certaines zones, pour en faire des pôles de rayonnement économique international. On recrée cette « diagonale du vide » dont on a déjà eu l'occasion de parler au sein de cette commission. Que pensez-vous donc de cette métropolisation, au regard de l'égalité des territoires ? Dans un tel contexte, quelle peut être la place des villes petites et moyennes ? La politique de métropolisation va à l'inverse du discours que vous tenez sur les ruralités.

En dernier lieu, je voudrais insister sur ce qui se passe aujourd'hui dans les transports. J'ai pu moi-même constater que la SNCF avait créé des lignes de bus « iDBUS », qui circulent déjà. Mais ces lignes de bus ne desservent aucune ville intermédiaire ; ainsi, on va de Paris à Lyon sans s'arrêter. Je m'interroge donc sur l'avenir des transports locaux. L'intérêt de la fibre et du haut débit est-il de permettre aux gens de rester chez eux, sans avoir à sortir ? Est-ce notre idéal de société ? Pourront-ils encore se déplacer ?

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