Je suis président de l’Association des populations des montagnes du monde, qui regroupe soixante-dix huit pays sur tous les continents. Je vois les lieux – parfois des territoires situées à 3 ou 4 000 mètres d’altitude – où s’opère le décrochage, peut-être pas le plus massif mais en tous cas le plus spectaculaire. Soudain, c’est comme si un torrent ravageait tout sur son passage : des cohortes entières de jeunes, que nous aurions pu maintenir sur leurs territoires grâce à un zeste de programme d’éco-développement, sont emportées.
Au lieu de rester vivre au pays, nous les retrouvons naviguant sur des rafiots, aux mains de proxénètes et de voyous de toute espèce. Et indépendamment de ceux qui gouvernent et de ceux qui ne gouvernent pas, et au nom d’une certaine idée française des droits de l’homme, je trouve cela un peu indigne.
J’espère que, lorsque la crise terrifiante que nous sommes en train de vivre commencera à s’éloigner, l’une de nos priorités sera enfin, au lieu de continuer bêtement à vendre des Rafale à des pays qui risquent de nous tirer dessus à un moment ou l’autre, d’engager un vrai projet, dont la France devrait être à l’origine – cela renforcerait son caractère universaliste : aider, sans essayer de les évangéliser ou des les coloniser, ces jeunes gens et filles à rester sur la terre de leurs pères, où ils seraient si heureux d’apporter eux aussi leurs bienfaits à l’humanité tout entière.