Intervention de Manuel Valls

Séance en hémicycle du 30 juin 2015 à 15h00
Questions au gouvernement — Lutte contre le terrorisme

Manuel Valls, Premier ministre :

Monsieur le président Roger-Gérard Schwartzenberg, vendredi dernier, le terrorisme a une nouvelle fois frappé durement, aveuglément au Koweït, en Tunisie, mais aussi de manière particulièrement abjecte en France. À mon tour, j’ai une pensée pour Hervé Cornara et j’exprime toute ma solidarité à ses proches, à sa famille, ainsi qu’à toutes les familles des victimes de ce vendredi sanglant, comme vous l’avez appelé. Je leur adresse avec émotion les condoléances et l’entier soutien du gouvernement français.

Ces nouveaux actes de folie meurtrière confirment – nous l’avons dit ici à de maintes reprises avec le ministre de l’intérieur – le niveau extrêmement élevé de la menace terroriste islamiste dans notre pays, en Europe, dans de nombreux pays dans le monde – États-Unis, Australie, Canada –, mais également dans les pays musulmans qui sont les premiers, je veux le rappeler, à souffrir de ce terrorisme djihadiste.

Face à cette menace terroriste dont le niveau est inédit, insidieuse, protéiforme, je veux le répéter une nouvelle fois, calmement et avec beaucoup de détermination, tout est mis en oeuvre pour assurer la sécurité des Français, même si le risque zéro n’existera jamais car nous sommes confrontés à un phénomène de radicalisation de masse sans précédent : 1 800 personnes sont recensées pour la seule mouvance des filières irako-syriennes. Ce phénomène s’inscrit dans la durée.

C’est une guerre de longue haleine que nous menons contre le terrorisme et le djihadisme en France comme à l’extérieur. Nous devons cette lucidité et ce devoir de vérité à la représentation nationale, qui en est bien sûr informée, et qui elle-même a beaucoup travaillé sur ces questions. Je pense au travail réalisé par Éric Ciotti, Patrick Mennucci et ceux qui les accompagnés. Nous le savons donc, c’est un phénomène de longue durée.

Sur le plan répressif, ce sont actuellement 145 dossiers judiciaires qui sont ouverts ; 306 personnes ont été interpellées dans le cadre de ces filières djihadistes syro-irakienne et 179 d’entre elles ont fait l’objet de poursuites.

Lorsque les poursuites judiciaires ne sont pas possibles, le Gouvernement a recours à toutes les mesures administratives susceptibles de prévenir la menace terroriste. Je veux les rappeler :

Expulsion du territoire des étrangers qui prêchent la haine et la violence – ils sont quarante à avoir été expulsés depuis 2012, dont une quinzaine d’imams ;

Lancement de procédures de déchéance de la nationalité française dès lors que les conditions de droit sont réunies – plusieurs dossiers dont déjà engagés, comme le rappelait le ministre de l’intérieur ce matin ;

Interdiction d’entrée et de sortie du territoire ; gel des avoirs financiers ; blocage des sites internet faisant l’apologie du terrorisme ; suppression des prestations sociales aux djihadistes ayant quitté la France.

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