Pour être passé en Libye en compagnie de Jean Glavany, il y a quelque temps, je voudrais ajouter qu'il y a deux « hiatus », si je puis m'exprimer ainsi.
Tout d'abord, on peut aboutir à un accord politique entre des Libyens appartenant à une certaine classe politique, et c'est probablement ce qui va se passer, mais le problème est que ces acteurs ne parviendront pas à contrôler toutes les milices qui règnent dans le pays. Les gouvernements précédents sont tombés pour cette raison. Un Premier ministre a même été pris en otage. Je m'interroge sur la force militaire interne qui pourrait remettre de l'ordre.
Ensuite, il n'y a pas d'Etat en Libye, le clan Kadhafi ayant tué tous les services publics. Ne pourrait-on pas imaginer une aide massive de la communauté internationale et de l'Organisation de l'Unité africaine, sur le fondement d'une décision du Conseil de sécurité, afin de structurer le pays ? Sans revenir à l'époque des mandats, je rappelle que le Kosovo a été pris en charge. L'Union européenne a fait le travail, avec les autorités locales, car il ne faut pas aller contre elles. Avec des peuples extrêmement fiers, toute intervention extérieure est vouée à l'échec.
Selon les informations dont je dispose, certains parrains jouent les apprentis sorciers. Je pense en particulier aux livraisons d'armes à Daech par la Turquie. Je le dis publiquement car il faudra bien un jour que les masques tombent ! On me dit qu'il y a des livraisons directes d'armes, achetées en Ukraine, à des milices pro-Daech ou franchisées. Si tout cela continue, cette région ne connaîtra jamais la paix. Il faut donc engager une démarche diplomatique forte à l'égard d'Ankara.