Intervention de Laurence Tison-Vuillaume

Réunion du 1er juillet 2015 à 9h00
Commission des finances, de l'économie générale et du contrôle budgétaire

Laurence Tison-Vuillaume, cheffe de service, adjointe au directeur général de la création artistique du ministère de la Culture :

La Philharmonie de Paris est un établissement, dont les coûts de construction – 391 millions d'euros – peuvent certes paraître élevés mais sont d'un montant proche, voire inférieur à ceux de chantiers d'ambition équivalente : 789 millions d'euros pour la Philharmonie de Hambourg, 550 millions d'euros pour l'extension du théâtre Mariinski à Saint-Pétersbourg, 296 millions pour la rénovation du Staatsoper de Berlin.

Pour ce qui est du budget de fonctionnement, un audit a évalué à 15 millions d'euros, sur un budget total de 28,4 millions d'euros, hors amortissements et intérêts d'emprunt, le besoin de subventions publiques de la Philharmonie de Paris en rythme de croisière. C'est une épure de subventionnement public là encore conforme à celle d'autres salles, tant en termes de montant global que de répartition des financements : pour prendre l'exemple du Barbican Centre, avec 38 millions d'euros, le financement public représente 56 % du financement total.

Ce budget de fonctionnement est voué à servir une politique extrêmement ambitieuse d'élargissement des publics dans le contexte de la nouvelle métropole. Nous en récoltons déjà les premiers fruits, puisque, alors que nous tablions sur un remplissage à 85 %, nous en sommes déjà à 95 %, aussi bien pour les concerts que pour les manifestations culturelles : qu'il s'agisse de l'exposition consacrée à David Bowie, qui a attiré 200 000 personnes, ou de celle, plus ardue, sur Pierre Boulez, le public était, dès ce printemps, au rendez-vous.

Je vous rejoins sur la question des opérateurs. Notre ambition est de généraliser à l'ensemble d'entre eux les contrats de performance. Nous travaillons notamment avec Stéphane Lissner, le nouveau directeur de l'Opéra de Paris, et les services du budget, afin de doter l'établissement d'un contrat de performance qui devra être signé avant la fin de l'année, lors du dernier conseil d'administration. Il en va de même pour les théâtres nationaux, avec qui nous travaillons à la mise en place ou au renouvellement de ces contrats.

La direction générale de la création artistique n'est pas en charge du programme 224 Transmission des savoirs et démocratisation de la culture. Néanmoins, nous travaillons avec le secrétariat général et la secrétaire générale adjointe, responsable du programme, sur la question des conservatoires. Il est vrai que, depuis 2012, cette ligne budgétaire, qui correspond à l'action 3 du programme 224, a fortement diminué et que la part des crédits de l'État dans les crédits de fonctionnement des quelque quatre cents conservatoires de notre pays est passée de 7 % à 4 %. Si cette participation est relativement faible, il n'en reste pas moins qu'elle contribue, ce qui est essentiel, à faire vivre ces établissements qui sont les premiers lieux de proximité culturelle dans les agglomérations. De ce fait, la ministre a engagé une réflexion sur un réengagement de l'État dans les conservatoires, afin de soutenir les efforts déjà accomplis par les collectivités territoriales pour les ouvrir à une plus grande diversité de profils. Nous estimons en effet qu'il existe encore des leviers d'intervention pour accroître cette ouverture, en particulier dans les zones les plus délaissées, en jouant notamment sur les pratiques pédagogiques. Je ne peux évidemment donner de chiffres, puisque les discussions sur le projet de loi de finances pour 2016 sont en cours, mais nous ferons en sorte que l'État alloue à ce programme les crédits nécessaires à un accès aux conservatoires du plus grand nombre.

En ce qui concerne enfin les suites de la mission sur l'intermittence, le Premier ministre a fixé en janvier une feuille de route globale qui porte à la fois sur le régime d'assurance chômage, la protection sociale des intermittents et la structuration de l'emploi.

En matière de chômage, le projet de loi sur le dialogue social, actuellement en discussion au Parlement, intègre ainsi, en son article 20, les spécificités du régime de l'intermittence, ce qui est une avancée historique. Il pose par ailleurs les contours d'une négociation s'articulant entre les organisations d'employeurs et de salariés chargées de fixer, au niveau interprofessionnel, un cadre financier global, et les branches du spectacle, à qui il reviendra d'insérer dans ce cadre les ajustements nécessaires pour préserver les spécificités du régime d'assurance chômage des intermittents du spectacle.

Quant à la protection sociale, c'est une question qui dépasse le champ de compétences du ministère de la Culture et relève également du ministère des Affaires sociales et de la santé. Nous nous sommes en particulier penchés sur le cas des « matermittentes », de manière à préserver au mieux le droit de ces intermittentes du spectacle au congé de maternité.

Pour ce qui concerne enfin la structuration de l'emploi, il s'agit de mieux encadrer les contrats d'usage, ces CDD spécifiquement adaptés à une économie de projets comme l'est l'économie du spectacle. Les partenaires sociaux sont notamment invités à revoir la liste des métiers pouvant relever des annexes VIII et X de l'assurance chômage. Des pistes seront ébauchées lors de la conférence pour l'emploi d'octobre prochain pour tenter, autant que faire se peut, de pérenniser et de rendre moins précaires les emplois, dans une économie où je rappelle que la majorité des salariés ne sont pas des intermittents.

Aucun commentaire n'a encore été formulé sur cette intervention.

Inscription
ou
Connexion