La question des pratiques agricoles est préoccupante et nos rapports avec le monde agricole sont assez schizophrènes. Au plus haut niveau, des confrontations musclées m'opposent régulièrement au président de la FNSEA. Ainsi, alors que j'étais venu visiter à son invitation, à l'occasion des Journées « Agriculture et biodiversité », de remarquables exploitations en Champagne-Ardenne, j'ai eu la désagréable surprise de l'entendre prononcer un discours d'une violence inouïe sur les contraintes européennes. Pour ma part, je considère que les contraintes peuvent constituer une chance – c'est le cas des mesures agro-environnementales – et que de tels propos ne se justifient pas.
Dans le même temps, nous arrivons souvent à très bien travailler, ponctuellement, avec les gens du terroir, qui ont compris que l'on ne pouvait plus se contenter de gérer la nature à seule fin de la rendre productive, et qui sont fiers de leur engagement en faveur de pratiques raisonnées. J'ai bon espoir qu'à la longue, l'exemple du bon travail que nous accomplissons avec les agriculteurs sur le terrain en vienne à déstabiliser les grands principes politiques et démagogiques auxquels se réfèrent les dirigeants de la FNSEA. Je dois rencontrer prochainement des représentants des chambres d'agriculture et des coopératives, et je suis convaincu que nous pouvons tomber d'accord sur de nombreux points, pour peu que nous sortions du jeu de rôle inacceptable – et contraire à l'intérêt général – auquel certains voudraient nous cantonner.