Intervention de Roger-Gérard Schwartzenberg

Séance en hémicycle du 8 juillet 2015 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la situation de grèce et les enjeux européens

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaRoger-Gérard Schwartzenberg :

Une sortie de la Grèce comporterait également beaucoup d’aléas pour les autres pays de la zone. Une telle issue risquerait d’apparaître comme une défaite collective de la zone euro et de porter atteinte à la crédibilité de la monnaie commune. Elle risquerait de faire remonter les taux d’intérêt et de stopper la fragile reprise qui s’esquisse, avec seulement 1,2 % de croissance prévu en France cette année.

Il faut empêcher la zone euro et plus largement l’Union européenne de se défaire et de se déconstruire. La Grande-Bretagne de David Cameron, qui n’appartient évidemment pas à la zone euro, projette de soumettre à référendum la question de son maintien, ou non, dans l’Union européenne. D’autres pays pourraient imiter cette démarche.

Au plan géostratégique enfin, comme l’a dit le Premier ministre, la Grèce est la frontière qui sépare l’Europe d’une Turquie particulièrement imprévisible sous la conduite autoritaire de M. Erdogan, dont l’islamisme modéré évolue de plus en plus vers un islamisme intransigeant, au détriment de la laïcité instaurée autrefois par Kemal Atatürk.

À l’évidence, il faut trouver une solution de compromis fondée sur des concessions réciproques. Une telle solution requiert à la fois responsabilité et solidarité.

Responsabilité du gouvernement grec, d’une part, qui doit présenter des propositions concrètes et réalistes. Comme vous l’avez rappelé, monsieur le Premier ministre, il a commencé à le faire aujourd’hui. Ces propositions devront comporter notamment des réformes de structure, visant la mise en place d’une fiscalité plus équitable et d’un appareil d’État plus moderne. À cet égard, il est regrettable qu’hier soir, au sommet de la zone euro qui s’est tenu à Bruxelles, le gouvernement grec n’ait pas présenté de propositions nouvelles ou plus précises.

À la responsabilité nécessaire de la Grèce doit répondre la solidarité de ses partenaires pour que les Grecs ne subissent pas une austérité accrue et des sacrifices excessifs alors que 35 % d’entre eux vivent déjà sous le seuil de pauvreté.

À l’évidence, une restructuration de la dette grecque – 322 milliards d’euros – est nécessaire. Même le FMI, qui se caractérise généralement par sa difficulté à percevoir la réalité des problèmes surtout sous la direction générale qui est la sienne actuellement…

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