Vous le savez, mes chers collègues : après la génération des fondateurs, après celle qui aura poussé au plus loin l’intégration européenne, vient le temps pour une nouvelle génération – la nôtre, peut-être – de redonner sens et corps au projet européen, pour que l’Union reste une idée forte et une volonté qui s’affirme dans le monde.
La crise grecque nous dit d’abord cela : que l’Union ne peut sortir d’aucune de ses crises si elle s’éloigne des idées essentielles qui la fondent. Au premier rang de ces idées, il y a la solidarité : la solidarité entre ses membres, la solidarité entre les peuples qui la composent. Je me félicite et je me réjouis que la France se soit faite, par la voix du Président de la République et par votre voix, monsieur le Premier ministre, constamment, résolument et d’une manière qui s’avérera déterminante, je l’espère, la gardienne de cet impératif de solidarité européenne.
Nous le savons : tout manquement à ce devoir de solidarité serait un échec collectif. L’onde de choc serait désastreuse, et pour la croissance, et pour nos économies nationales et pour l’idée même de l’Union. Celle-ci paraîtrait réversible, fragile et traversée de puissantes failles dans lesquelles pourraient s’engouffrer les marchés financiers, les autres puissances du monde et, surtout, les égoïsmes nationaux.
Il est évident que cette solidarité n’est pas sans fond ; il est évident qu’elle ne permet pas de s’exonérer de tout effort et de toute règle commune. Pour autant, il ne s’agit pas de faire de la morale, mais de regarder les faits et de s’accrocher aux principes.
J’ai entendu ces derniers jours beaucoup de pères-la-morale, d’apprentis sorciers et de voix que l’on aurait crues autorisées prôner et encourager une sortie de la Grèce de la zone euro,…