Car ce « non » n’est pas l’expression d’une volonté du peuple grec de tourner le dos à son destin européen. Ce n’est pas non plus un blanc-seing donné au gouvernement d’Alexis Tsipras, dont les manoeuvres politiciennes et les six mois perdus de ce fait aggravent la crise qui frappe la Grèce.
Ce « non » dit avant tout la détresse d’un peuple dont la souffrance est devenue insupportable ; un peuple qui subit aujourd’hui les conséquences de réformes d’autant plus douloureuses qu’elles n’ont été engagées que lorsque la Grèce s’est trouvée au pied du mur.
Ces réformes, inévitables, ont provoqué une explosion de la précarité, des maladies, des suicides, de la consommation de drogues sur laquelle nous n’avons pas le droit de fermer les yeux.
Elles ont frappé de plein fouet les plus modestes et les plus fragiles : les retraités pauvres, les chômeurs et les jeunes. Le peuple grec a jusqu’ici consenti des efforts importants, que les Français et les Françaises n’auraient sans doute jamais acceptés.
Ce vote doit par conséquent, mes chers collègues, nous interroger sur l’idée même du projet européen. Le groupe UDI, monsieur le Premier ministre, croit à une Europe de la responsabilité.
Nous sommes également habités par la conviction que jamais nous ne devons sacrifier l’exigence de solidarité, jamais nous ne devons oublier l’héritage que nous a légué Victor Hugo, qui proclamait : « Vous êtes frères ! », le 21 août 1849.
Aussi, parce que nous faisons nôtre l’idéal de fraternité européen, jamais nous n’accepterons les fables populistes du Premier ministre grec, qui accuse l’Europe d’humilier le peuple grec.
Oublie-t-il que la situation dramatique dans laquelle se trouve la Grèce n’est pas le fait d’un complot ourdi par la Troïka – ne vous en déplaise, cher monsieur Chassaigne –, mais la conséquence inéluctable d’une situation dans laquelle un État dépense plus qu’il ne perçoit ?