Intervention de Philippe Vigier

Séance en hémicycle du 8 juillet 2015 à 15h00
Déclaration du gouvernement sur la situation de grèce et les enjeux européens

Photo issue du site de l'Assemblée nationale ou de WikipediaPhilippe Vigier :

Oublie-t-il qu’en substituant des créances publiques à des créances privées pour éviter une crise financière plus grave encore, les peuples européens, dont la France, ont prêté 230 milliards d’euros à la Grèce en cinq ans et que les banques ont effacé 100 milliards de dette ?

La France n’a aucune leçon à recevoir d’un dirigeant allié à une extrême droite xénophobe et homophobe et dont le seul projet est la démagogie à outrance. La France n’a aucune leçon à recevoir d’un dirigeant qui a refusé d’assumer pleinement le mandat qui lui a été confié par le peuple en janvier dernier. La France n’a aucune leçon à recevoir d’un dirigeant qui monnaye sa position sur la crise ukrainienne contre du gaz russe. Non, les Françaises et les Français ne sont pas responsables de la situation dans laquelle la Grèce se trouve.

Cependant, la France a une voix singulière et se doit de peser sur l’avenir de l’Europe, main dans la main avec l’Allemagne – monsieur le Premier ministre, malgré l’énergie que vous avez déployée tout à l’heure, le couple franco-allemand ressort quelque peu fragilisé de cette crise.

À cet égard, notre groupe déplore que le Président de la République se soit une nouvelle fois distingué par son incapacité à faire entendre la voix de la France. Ce n’est la première fois : souvenez-vous que, pendant la campagne présidentielle, François Hollande déclarait qu’il imposerait une renégociation du traité européen de stabilité budgétaire. Souvenez-vous de sa tentative désespérée pour masquer cet échec avec un plan de croissance qui n’a jamais existé. Et que dire de l’incapacité de la France à amplifier le plan d’investissement mis en place par Jean-Claude Juncker, pourtant notoirement insuffisant ?

La France a ainsi manqué, une nouvelle fois, à son devoir de faire vivre l’idéal européen.

Pour le groupe UDI, les enjeux sont clairs : deux options sont devant nous. La première est de se résigner à une sortie de la Grèce de la zone euro, tout en étant pleinement conscients que les conséquences en seraient dramatiques, avant tout pour le peuple grec.

La sortie de la Grèce de la zone euro fragiliserait la cohérence de cette dernière en envoyant un signal de faiblesse aux marchés financiers, qui ne manqueraient alors pas de s’attaquer à l’Espagne, à l’Italie ou au Portugal, voire à notre pays. Le Royaume-Uni pourrait également être tenté de faire définitivement le choix de rompre avec son destin européen.

La sortie de la Grèce de la zone euro provoquerait également une perte d’influence importante de l’Union européenne en Méditerranée, un regain d’influence de Moscou sur la région, des tensions supplémentaires avec la Turquie, un enlisement du conflit avec Chypre et des flux migratoires qui échapperaient totalement à notre contrôle.

Enfin, la sortie de la Grèce de la zone euro provoquerait un effondrement de la démocratie grecque et favoriserait le retour d’un régime totalitaire dont le peuple grec serait la première victime.

La seconde option, celle que la France doit défendre et que le groupe de l’Union des démocrates et indépendants défend, est de regarder enfin la situation avec lucidité : la Grèce se trouve aujourd’hui dans l’impossibilité de rembourser sa dette.

L’Union européenne doit tout faire pour créer les conditions nécessaires pour que la Grèce renoue avec la croissance et l’emploi.

La première de ces conditions est de mener les réformes dont personne ne peut contester la nécessité : se doter d’un système fiscal permettant de faire payer l’impôt à ceux qui doivent s’en acquitter – à commencer, en particulier les propriétaires immobiliers, les armateurs, les militaires ou l’Église orthodoxe –, mettre fin à la corruption d’un État impotent et à l’oligarchie et réduire drastiquement le poids de la fonction publique.

La seconde est de soutenir l’économie grecque au moyen d’un plan d’investissement européen massif qui seul permettra de développer l’industrie, laquelle ne pèse actuellement que 10 % du PIB de la Grèce.

Enfin, nous devons admettre que l’austérité imposée au peuple grec a conduit à des résultats opposés à ceux qui étaient recherchés. Toutefois, un effacement de la dette, même partiel serait inacceptable.

Inacceptable, car il aurait un coût de 650 euros pour chaque Française et chaque Français.

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